[ENVIRONNEMENT] La violence de l’eau

Publié le lun 27/03/2023 - 12:16

"Empêcher l'accès à la bassine, quel qu'en soit le coût humain", tel était l'objectif des forces de l'ordre selon La Ligue des Droits de l'Homme. Elle avait dépêché des observateurs sur la manifestation samedi aux Deux Sèvres. Leurs conclusions font état d'une "utilisation immodérée et indiscriminée de la force".

Des scènes d’une violence inouïe qui ont marqué l’actualité française ce samedi 25 mars sur le chantier de méga-bassine. Les manifestants témoignent également de véhicules du SAMU empêchés par les gendarmes d'accéder aux manifestants blessés le plus gravement selon les sources. L'un d'entre eux est toujours entre la vie et la mort. Selon un communiqué des organisateurs de la manifestation, "La personne a été blessée aux alentours de 13 h 30 aux abords de la bassine. Il y a eu au minimum sept appels du SAMU et trois appels au 112, entre 13 h 35 et 14 h 50, demandant une intervention pour une urgence absolue. A deux reprises au minimum, l’opérateur SAMU répond qu’il a eu l’ordre du commandement de la gendarmerie de ne pas intervenir. " Face à une telle démonstration de force de l'Etat il devient urgent de questionner sur la légalité de ces agissements.

4 000 grenades de désencerclement et lacrymogène, un canon à eau et des tirs de LBD ont été déversés sur des milliers de manifestants qui souhaitaient accéder à la mégabassine (environ 15 000 selon le journaliste du Monde Rémi Barroux). Résultat : 5 blessés étaient en urgence absolue dont 3 manifestants et 2 gendarmes samedi soir. 47 militaires et 7 manifestants ont été pris en charge par les secours. Mais les organisateurs annoncent 200 blessés dont 40 graves. En effet, sur place, beaucoup ont été pris en charge par des "médics", des infirmiers et médecins présents avec du matériel selon les sources.

Nicolas Girod, porte-parole de la confédération paysanne à France Info, se dit choqué par l’armement des forces de l’ordre : « C'était fou quoi, c'était des armes de guerre face à des manifestants qui, pour une ultra majorité, étaient là sans violence ».  Le ministre chargé de la transition écologique et de la Cohésion des Territoires interviewé sur France Info justifie l’intervention des gendarmes pour contrer « des casseurs » « venus casser du flic ». 

Après un tel bilan et dans un contexte environnemental de plus en plus inquiétant, l’Etat doit changer sa méthode de traitement des conflits. Un homme d’une trentaine d’années serait toujours entre la vie et la mort et deux gendarmes grièvement blessés seraient encore en urgence relative.

Les méga bassines sont d’immenses piscines contenant de l’eau puisée l’hiver dans les nappes phréatiques. Elle est utilisée en été par les agriculteurs. Retenue à l’air libre, elle est soumise à l’évaporation, aux algues et aux bactéries. Pour la coopérative de l’eau qui porte ce projet, cette solution pourrait réduire de 70% les prélèvements autorisés l’été. Mais les manifestants dénoncent l’accaparement de l’eau au profit d’une minorité d’agriculteurs spécialistes de l’agriculture intensive. Alors que l’eau devient de plus en plus rare en France, ils souhaitent que l’Etat finance plutôt des projets privilégiant une utilisation sobre de la précieuse ressource.

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