Par Elodie Crézé
Antoine Millard, ancien ingénieur et salarié d'EDF est aujourd'hui employé au Domaine des Possibles d'Arles où il prépare sa reconversion dans l'agriculture. Portrait.
À 32 ans, Antoine Millard est un enfant du pays. Il y est revenu après une dizaine d'années passées à droite et à gauche pour les études et le boulot, puis au cours de ce qu'il appelle son « pèlerinage agricole » : stages dans des fermes, woofing, expérience comme salarié agricole. Avant cela, Antoine exerce pendant 3 ans en tant qu'ingénieur, responsable d'équipe dans le groupe EDF-GDF. Rapidement, il se met à « tourner en rond », voire à « s'ennuyer » . Il ne trouve pas de sens à ce qu'il fait, « en lumière de tout ce qu'on apprend sur l'écologie, avec l'impression que la planète va droit dans le mur ». Il parle de « répulsion » pour son 1er métier et d'attraction « au départ un peu naïve» pour l'agriculture, un milieu qui lui est étranger. Antoine se renseigne, y décèle toute sa noblesse : « c'est l'activité de base humaine, qui consiste à nourrir les gens ». Hélas, « trop souvent pratiquée en épuisant le sol, en produisant des légumes à faible valeur nutritionnelle, ou en exploitant les gens ».
À la ferme de la Volpelière(1) où il est salarié en charge, en binôme, du maraîchage et de la volaille, le jeune homme poursuit sa formation avant de se consacrer, l'espère-t-il, à son propre projet. « Avec ce prisme de pratiquer une agriculture d'abord respectueuse de l'humain, de l'environnement et qui produise des légumes nutritifs ». Un projet complet, avec du maraîchage, des poules, de l'élevage. « Lorsqu'il existe une pluralité d'ateliers agricoles sur une même ferme, cela produit des interactions bénéfiques : par exemple, la fiente de la volaille sert au maraîchage, les légumes invendus nourrissent les poules, etc.» Antoine rêve aussi d'un lieu de rencontre avec des cafés-débats, des concerts... Par ailleurs, il n'envisage pas de se lancer seul : « Le modèle à l'ancienne, les fermes familiales, c'est fini », argue-t-il. « Je souhaite m'installer en collectif de travail, avec des amis ».
Pour l'heure, au Domaine, Antoine se forge une expérience qu'il juge riche, où il apprécie une « totale autonomie » : choix des variétés de légumes, des poules, matériaux et taille des poulaillers, dimensions des serres de légumes... « Être salarié et pouvoir décider de son outil de production est une chance inouïe » s'enthousiasme-t-il. Employé depuis 1 an, il compte encore rester « quelques années, minimum 2 ans et demi. Après, on verra !». Après, le grand saut.
Note de bas de page
- Le Domaine de la Volpelière est le nom historique du Domaine du possible. Antoine y est employé de l'entreprise agricole, une société civique d'exploitation agricole (SCEA ).