[PORTRAIT] Antoine Millard, l'ancien ingénieur qui se rêvait agriculteur

Publié le sam 22/05/2021 - 13:00

Par Elodie Crézé

Antoine Millard, ancien ingénieur et salarié d'EDF est aujourd'hui employé au Domaine des Possibles d'Arles où il prépare sa reconversion dans l'agriculture. Portrait.

À 32 ans, Antoine Millard est un enfant du pays. Il y est revenu après une dizaine d'années passées à droite et à gauche pour les études et le boulot, puis au cours de ce qu'il appelle son « pèlerinage agricole » : stages dans des fermes, woofing, expérience comme salarié agricole. Avant cela, Antoine exerce pendant 3 ans en tant qu'ingénieur, responsable d'équipe dans le groupe EDF-GDF. Rapidement, il se met à « tourner en rond », voire à « s'ennuyer » . Il ne trouve pas de sens à ce qu'il fait, « en lumière de tout ce qu'on apprend sur l'écologie, avec l'impression que la planète va droit dans le mur ». Il parle de « répulsion » pour son 1er métier et d'attraction « au départ un peu naïve» pour l'agriculture, un milieu qui lui est étranger. Antoine se renseigne, y décèle toute sa noblesse : « c'est l'activité de base humaine, qui consiste à nourrir les gens ». Hélas, « trop souvent pratiquée en épuisant le sol, en produisant des légumes à faible valeur nutritionnelle, ou en exploitant les gens ».

À la ferme de la Volpelière(1) où il est salarié en charge, en binôme, du maraîchage et de la volaille, le jeune homme poursuit sa formation avant de se consacrer, l'espère-t-il, à son propre projet. « Avec ce prisme de pratiquer une agriculture d'abord respectueuse de l'humain, de l'environnement et qui produise des légumes nutritifs ». Un projet complet, avec du maraîchage, des poules, de l'élevage. « Lorsqu'il existe une pluralité d'ateliers agricoles sur une même ferme, cela produit des interactions bénéfiques : par exemple, la fiente de la volaille sert au maraîchage, les légumes invendus nourrissent les poules, etc.» Antoine rêve aussi d'un lieu de rencontre avec des cafés-débats, des concerts... Par ailleurs, il n'envisage pas de se lancer seul : « Le modèle à l'ancienne, les fermes familiales, c'est fini », argue-t-il. « Je souhaite m'installer en collectif de travail, avec des amis ».

Pour l'heure, au Domaine, Antoine se forge une expérience qu'il juge riche, où il apprécie une « totale autonomie » : choix des variétés de légumes, des poules, matériaux et taille des poulaillers, dimensions des serres de légumes... « Être salarié et pouvoir décider de son outil de production est une chance inouïe » s'enthousiasme-t-il. Employé depuis 1 an, il compte encore rester « quelques années, minimum 2 ans et demi. Après, on verra !».  Après, le grand saut.

 

Note de bas de page

  1. Le Domaine de la Volpelière est le nom historique du Domaine du possible. Antoine y est employé de l'entreprise agricole, une société civique d'exploitation agricole (SCEA ).

 

 

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