[DECHETS] Au sud de Toulouse, les biodéchets valorisés

« Devoir incinérer les 30% de biodéchets de nos poubelles n’est pas logique », estime Marie-Pierre Bonabesse, responsable du service gestion et prévention des déchets de la communauté de communes du bassin Auterivain (CCBA). D’autant que cette collectivité située au sud de l’agglomération toulousaine regroupe 19 communes plutôt rurales ou semi-rurales, où une grande partie des 32 000 habitant·es vivent en maison. L’incitation au compostage individuel, notamment via la sensibilisation et la vente de composteurs à demi-tarif, a été une mesure importante du programme local de prévention des déchets. Il a contribué à réduire les ordures ménagères résiduelles de 283 kg par personne et par an en 2010 à 316 en 2019. Une enquête a permis d’évaluer le taux d’adeptes du compostage à 50 % des foyers.

La prochaine étape pour la collectivité, qui produit encore 7037 tonnes par an d’ordures ménagères résiduelles, est de proposer du compostage collectif dans les zones plus urbaines. 31 sites seront installés d’ici 2023. « Nous avons contacté les syndics et les copropriétés pour installer des composteurs en pied d’immeuble et fait le tour des centres villes pour trouver des espaces verts pouvant accueillir du compostage collectif », raconte Lise Nemeth, chargée de prévention à la CCBA.

-9 % de déchets en 9 ans

Entre 2010 et 2020, la CCBA a presque atteint ses objectifs de réduction des déchets (y compris ceux triés et apportés en déchetterie) : -9 % (51 kg en moins par an et par personne) pour un objectif de -10 % (58 kg). D’où la volonté d’aller plus loin en étant une des premières collectivités d’Occitanie à étendre les consignes de tri et à mettre en place la TOMi (taxe sur les ordures ménagères incitative), actions pour lesquelles la CCBA a été lauréate de plusieurs appels à projet de l’Ademe et de Citéo (1). « 151 colonnes d’apport volontaire ont été installées pour les papiers et cartons, permettant de recueillir plus de 87 tonnes au quatrième trimestre 2019, ce qui est très encourageant », témoigne Dominique Blanchot, ex-vice-président de la CCBA chargé de la gestion de la collecte et de la valorisation des déchets.

Cela a libéré de la place dans les poubelles jaunes qui reçoivent les bouteilles plastiques, les boîtes en métal et désormais aussi les emballages plastiques, barquettes et autres pots de yaourts. Entre octobre 2019 et février 2020, les ordures ménagères résiduelles ont diminué de 130 tonnes. Marie-Pierre Bonabesse y voit un lien direct avec le puçage des bacs individuels (qui équipent 65 % des foyers), première étape vers la TOMi. Les bacs équipés d’une puce permettront en effet d’ici 2023 de comptabiliser le nombre de ramassages par foyer et, à l’horizon 2024, de s’en servir pour ajuster une part variable de cette taxe locale. Un objectif à la fois économique et environnemental puisque la réduction des déplacements des camions de collecte des déchets s’inscrit aussi dans le plan climat de la CCBA.

Une plateforme pour fabriquer du BRF

Enfin, la CCBA souhaite valoriser auprès d’agriculteurs locaux les déchets verts qu’elle collecte. Une plateforme de 1600 m² permettra dès 2022 de les transformer en bois raméal fragmenté (BRF). « Avec l’aide de la direction Agroenvironnement du département de Haute-Garonne, nous avons réuni un groupe d’agriculteurs intéressés pour épandre ses broyats sur leurs champs », explique Wilfrid Pasquet, vice-président à la gestion de la collecte et de la valorisation des déchets. Les maraîchers connaissent déjà les bienfaits du BRF pour les sols, mais des céréaliers le découvrent.Un projet global.

Plus d’infos : http://www.dechet-ccba31.fr/

Note de bas de page : (1) Citéo est une entreprise spécialisée dans le recyclage, résultat de la fusion en 2017 d’Eco-Emballages et d’Ecofolio.