[DOSSIER 5G] : « Les mobilisations locales existent déjà »

Publié le jeu 22/10/2020 - 07:57

Propos recueillis par Nicolas Bérard

Stephen Kerckhove, porte-parole d'Agir pour l'environnement, nous explique la procédure que mène son association devant le Conseil d'État contre l'attribution des fréquences 5G. Ce volet juridique n'est selon lui qu'une étape de la lutte.

Agir pour l'environnement et Priartem ont déposé un recours devant le Conseil d'État pour demander l'annulation de la procédure d'attribution des fréquences 5G, qui doit avoir lieu fin septembre. Sur quoi repose votre recours ?

Nous estimons que le lancement de la 5G relève de ce que l'Union européenne classe parmi les  « plans et programmes », et que la procédure d'attribution des fréquences en est la première pierre. Si c'est bien le cas, ce projet est soumis à une étude d'impact. Or, actuellement, cette étude d'impact n'existe pas. Si la justice nous donne raison, l'attribution des fréquences ne pourra donc pas se faire avant la réalisation d'études d'impact énergétique, climatique, sanitaire, et sur la consommation de ressources naturelles nécessaires à sa réalisation. Autant de données impossible à recueillir avant le 20 septembre, date à laquelle le gouvernement a expliqué vouloir lancer la procédure d'attribution.

Où en est aujourd'hui la procédure ?

En mars, le juge des référés a rejeté nos référés suspension mais est allé dans notre sens en s'engageant à rendre une décision sur le fond dans les deux mois – ce qui est exceptionnel, car une décision du Conseil d'État peut habituellement prendre 2 ans. Nous devions donc avoir la réponse avant le mois de juin, mais la crise de la Covid-19 a repoussé l'échéance.

Comment voyez-vous la suite ?

Notre dossier est incontestablement très solide. Mais nous sommes aussi bien conscients que les enjeux qui entourent la 5G sont gigantesques. Nous ne pouvons donc présager de rien. Quoi qu'il en soit, l'action devant la justice n'est qu'une première étape, en termes de mobilisation. Notre pétition a très vite dépassé les 80 000 signatures, ce qui montre que les mobilisations locales existent déjà. Et cette mobilisation citoyenne ne disparaîtra pas en fonction de la décision du Conseil d'État, quelle qu'elle soit. Le plus important vient donc après : les moratoires pris par certains maires, les mobilisations locales, et les milliards de petites choses qui créeront une résistance.

Plus d’infos : pour signer la pétition : https://stop5g.agirpourlenvironnement.org/

 

 Et après, la 6G ?!

Le téléphone portable occupe aujourd'hui une telle place dans notre société qu'il est facile d'oublier à quel point ce phénomène est récent. Ainsi, il y a vingt-cinq ans, seul·es 2,5 % des Français·es possédaient un mobile ! C'est finalement en entrant dans le XXIe siècle que ce petit objet a réellement envahi nos vies : en l'an 2000, un·e Français·e sur deux possédait déjà un portable, et ce taux approchait les 100 % dix ans plus tard. Aujourd'hui, le pays compte plus de cartes Sim en fonctionnement que d'habitant·es !

Cette évolution a été accompagnée par la mise en service de nouveaux réseaux : grosso modo, un tous les 10 ans. Après le premier et très confidentiel réseau de première génération (1G) lancé en 1981, la 2G a démarré en 1992, la 3G en 2001 et la 4G en 2012. Pour ses promoteurs, il est donc assez logique de vouloir lancer la 5G en 2020. Et comme « on n'arrête pas le progrès », ou plutôt la course folle vers toujours plus de rapidité et de consommation, la commissaire européen Thierry Breton a prévenu : il a d'ores-et-déjà mis en place une équipe chargée de plancher sur… la 6G !

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