[INTERVIEW] Ronan Pierre : « On commence à mieux connaître les propriétés des algues »

Publié le ven 19/11/2021 - 11:00
© Ceva

Responsable du pôle innovation et produits au Ceva (Centre d'Étude et de Valorisation des Algues), Ronan Pierre nous parle de l’utilisation des algues d’hier à aujourd’hui.

Quand on parle d’algues, de quoi parle-t-on ?

On a tendance à généraliser avec le terme « algues » et on les classe souvent par couleur (brunes, rouges, vertes), mais il existe autant de diversité entre une algue brune et rouge qu’entre un humain et un champignon. On estime entre 8 et 10 000 le nombre d’espèces de macro-algues (visibles à l’œil nu, NDLR), dont 230 sont cultivées et une dizaine représentent l’essentiel des usages industriels. Leur très grande diversité de composition et donc de molécules sont autant d ‘éléments à étudier. Quant aux micro-algues, on estime leur nombre à des centaines de milliers d’espèces dont une vingtaine sont exploitées à grande échelle.

Est-ce que les algues sont utilisées depuis longtemps ?

Les algues sont utilisées dans l’alimentation humaine depuis la préhistoire dans certaines régions du monde, ainsi que pour les animaux dans les régions côtières de l’Europe du Nord et de l’Ouest. Des usages industriels se sont développés dès le 17ème en France (brûlage d’algues pour la potasse et la soude qui servaient dans l’industrie du verre), puis au 19ème siècle (iode comme désinfectant). Au 20ème siècle est née une industrie d’extraction de polysaccharides ou de polymères des algues pour augmenter la viscosité et fabriquer des gels. A partir des années 70-80, une activité forte s’est développée autour de la cosmétique marine en Bretagne. C’est au même moment que la consommation pour l’alimentation humaine a connu un essor, notamment par le biais de la cuisine asiatique et dans les milieux écologistes. Aujourd’hui la vente d’algues s’est généralisée en circuit bio et même dans les grandes surfaces.

Comment la recherche innove-t-elle avec les algues ?

Les scientifiques commencent à mieux connaître les propriétés des algues, ce qui leur permet d’aller chercher des bénéfices particuliers avec des quantités moindres. Dans l’agriculture, l’amendement direct (traditionnel des régions côtières) a été remplacé par l’utilisation d’extraits d’algues biostimulants pour booster la croissance des plantes ou la résistance au stress hydrique par exemple. Des approches similaires se développent en alimentation animale.

En parallèle, il existe une très forte demande de l’industrie pour passer des ressources pétrochimiques à de l’algosourcé, biodégradable, dans les domaines du packaging, du textile par exemple. Ce développement commence à peser sur la ressource de certaines espèces, ce qui incite à développer les méthodes de culture.

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