Bure, le contre-coup de Notre-Dame-des-Landes

Publié le ven 23/02/2018 - 12:59

La joie n'aura été que de courte durée. Quelques semaines seulement après la décision du gouvernement d'abandonner le projet de Notre-Dame-Des-Landes, ce dernier a décidé d'évacuer la zone occupée du Bois-Lejuc, à Bure (Meuse), site prévu pour le projet d'enfouissement des déchets nucléaires de CIGEO/BURE. La police a fait usage de la force avant que la préfecture ordonne de détruire les cabanes des zadistes à l'aide de bulldozers. Une attitude autoritaire qui montre clairement la volonté du pouvoir exécutif de ne pas voir Bure devenir un nouveau NDDL. 

Associations environnementales et représentants du camp écologiste n'ont pas manqué de montrer leur soutien aux opposants, dénonçant une absence de concertation de la part du gouvernement.

Michèle Rivasi, a députée européenne Europe Ecologie Les Verts (EELV) a ainsi indiqué hier dans un communiqué :

« Je soutiens les citoyens français qui se mobilisent et occupent le site pour que ce projet ne voit jamais le jour ! C'est le nucléaire qui est hors la loi, il ne respecte pas la loi sur la transition énergétique votée par l'assemblée nationale en 2015 et il ne répond pas aux objectifs européens sur le développement des énergies renouvelables. »

Michèle Rivasi, bonne connaisseuse du dossier nucléaire a apporté des comparaisons avec des expériences étrangères en matière d'enfouissement de déchets radioactifs :

« Il n'y a aucune transparence, ni débat sur la gestion des déchets et si on prend du recul sur les exemples à l'étranger, on observe qu'aucun site d'enfouissement en profondeur n'est fiable.  L'expérience la plus similaire à celle de CIGÉO, WIPP, aux États-Unis, a rapidement montré les limites d'un tel choix : deux incendies successifs en sous-sol ont provoqué la contamination en surface de 21 ouvriers. Du Plutonium et de l'Américium se sont échappés à des kilomètres et ont contaminé toute l'installation souterraine. A Asse en Allemagne, les fûts baignent dans l'eau. Même en Suède, la justice a donné un avis défavorable au projet d'enfouissement dans le granite.

France Nature Environnement a, de son côté, déplore l’absence de dialogue sur le sujet :

« Aujourd'hui à Bure, une envie profonde de dialogue, ainsi que l'espoir d'une gouvernance enfin renouvelée, ont été violemment attaqués par les manœuvres d'un Gouvernement qui vient de compromettre la possibilité d'avoir ce vendredi 23 à Bar-le-Duc un échange apaisé et tourné vers les alternatives à l'enfouissement avec les opposants à CIGEO. »

La fédération d'associations de défense de l'environnement en a aussi appelé au Président de la République :

« afin que ne se reproduise pas un drame tel que celui de Sivens ».

L'évacuation du site a, par ailleurs, fait réagir le Syndicat des avocats de France pour qui l'intervention n'est pas conforme au droit :

« Cette stratégie délibérée d'agir par surprise pour éviter l'office du juge est contraire au droit au procès équitable. Elle a déjà été utilisée à Sivens, et déclarée illégale dans un arrêt du 18 avril 2014 de la cour d'appel de Toulouse, comme étant contraire à l'article 6 de la Convention européenne des droits de l'Homme. Les leçons des erreurs commises à Notre-Dame-des-Landes et Sivens n'ont pas été tirées. Une procédure en rétractation de ladite ordonnance sera déposée dans les prochaines heures au TGI de Bar-le-Duc »

 

 

 

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