Par Magali Chouvion
Premier point à régler lorsque l’on souhaite végétaliser la ville : trouver de l’espace. Entre la construction de la ville sur la ville et le recyclage urbain, les solutions ne manquent pas pour laisser de la place à la nature. Ne « reste plus » qu’à les mettre en musique.
« La gestion économe de l’espace doit s’envisager comme un objectif de convergence et de cohérence de nos politiques publiques en matière d’énergie, de climat, d’écologie, d’urbanisme, de cohésion et d’agriculture, et non comme une politique sectorielle supplémentaire », prône justement l’État dans ses objectifs1. Mais au-delà du « zéro artificialisation nette », renaturer la ville peut nécessiter de la désartificialiser. Tour de piste des solutions préconisées par les écologues et urbanistes2, pour valoriser le « foncier invisible ».
Construire la ville sur la ville
En contexte d’urgence climatique et d’effondrement de la biodiversité, le foncier devient précieux et il conviendrait donc de « limiter son gaspillage ». La mesure de l'occupation réelle de bâtiments - notamment collectifs - peut permettre d'identifier des temps où ils peuvent répondre à de nouveaux besoins et d'intensifier les usages de l'existant : usage d'une salle de restauration collective pour accueillir un espace de co-working l'après-midi, salle de réunion municipale servant le soir à des associations… Il s’agit donc de mixer les fonctions, les pratiques et les usages urbains, comme le mentionne Carlos Moreno, à travers son concept de « ville du quart d’heure ».
Dans cette optique de construction de « la ville sur la ville », réhabiliter et remettre sur le marché une partie au moins des trois millions de logements vacants semble aussi indispensable. Parce que plus coûteuse que la construction neuve, cette réhabilitation pourrait être encouragée en conditionnant les aides à la rénovation (ANAH, ANRU...) à la prise en compte de la nature dans les projets. Ou en mobilisant une fiscalité incitative. En outre, ces mesures permettraient aussi de rendre de l’attractivité aux centralités.
Évidemment, la densification du tissu urbain existant est aussi un moyen d'offrir plus d'usages urbains sans étaler la ville : construction raisonnée de logements individuels dans les jardins devenus trop grands d'anciens lotissements, par la méthode Bimby (possibilité pour les habitants de louer ou vendre une partie de leur terrain en zone résidentielle, NDLR). Ou la mobilisation du foncier sous-utilisé de zones d'activité existantes pour accueillir de nouvelles entreprises. Il est aussi possible de promouvoir des formes d’urbanisme moins consommatrices de foncier tout en fournissant le même nombre de logements, de places de parking ou d’espace commercial, via la construction modérée en hauteur (voir p 78). Mais cette densification ne doit pas pour autant combler tous les espaces de nature en cœur de ville.
Vers le recyclage urbain
La transformation de bâtiments obsolètes peut aussi permettre de répondre à de nouveaux besoins sans déconstruire ni construire : aménagement d'un ancien équipement public pour l'accueil d'acteurs de l'économie sociale et solidaire, transformation pérenne d'une ancienne halle industrielle en espace de micro-production au cœur de la ville…
Et enfin, la dédensification et la renaturation sont évidemment des solutions pour disposer d’espaces de plantation : déconstruction d'un bâtiment vacant, suppression d'un espace de stationnement et reconquête du sol imperméabilisé pour la création d'espaces verts de quartier, un espace public de meilleure qualité, voire une micro-ferme urbaine (voir p 68). Le recyclage d'espaces urbains obsolètes permet d'initier de nouvelles dynamiques territoriales : déconstruction et dépollution de friches industrielles déjà végétalisées, renaturation de sites commerciaux délaissés… S’ils sont bien pensés, ces espaces pourront devenir de véritables zones et nature et de continuités écologiques de la ville.
Plus d’infos : https://www.lecese.fr/travaux-publies/la-nature-en-ville-comment-accele…