[THEMA] : La jeunesse pressée d’agir

Publié le ven 04/11/2022 - 08:00

Par Estelle Pereira

À attaquer l’État en justice, à bloquer le Tour de France ou les AG de Total, à consacrer ses réseaux à l’alerte sur la crise climatique, les jeunes militants sont habités par l’urgence d’agir. Puisque qu’ils et elles sont de cette « génération future » qui subit de plein fouet les bouleversements climatiques, il et elles n’hésitent pas à s’exposer juridiquement et physiquement pour défendre un monde plus vivable.

 

« Beaucoup de gens ne vont pas apprécier. Mais on n’est pas là pour être populaire, simplement pour faire ce qui est juste ». Jérémy, 20 ans, prévient ses interlocuteurs de l’autre côté de l'écran : bloquer le périphérique parisien n’a rien d’une promenade de santé. Emmy, 24 ans, Maïa, 20 ans, ou encore Valentina, 19 ans, assistent à cette réunion en ligne de Dernière rénovation pour apporter leur contribution « et faire que les choses aillent mieux », espère Annaëlle, 20 ans, la voix teintée de désespoir.

Ce mouvement « de résistance civile » s’est fait connaître lors d’une action à Roland Garros où Alizée, 22 ans, est « entrée en action », en s’attachant au filet du court central lors de la finale du championnat. Elle fera 40 heures de garde à vue. Factuellement, Dernière rénovation est aussi représentatif de l’impératif d’agir ressentie par une partie de la jeunesse. La fin de leur insouciance s’est faite de manière précoce à l’adolescence face à la découverte de catastrophes climatiques sur les réseaux sociaux.

Si la jeunesse a une image d’apathie qui lui colle à la peau, les enquêtes sociologiques, comme celles de Laurent Lardeux, révèlent qu’elle n’est en réalité « ni dépolitisée, ni démobilisée, mais plus réaliste et concentrée sur des problèmes nouveaux sur lesquels elle pense pouvoir agir »1.

Et le vote en France, qui est un marqueur très commenté du niveau d’implication politique, n’est pas forcément représentatif de l’engagement des jeunes ; l’abstention élevée parmi les 18-24 ans n’est pas une traduction d’un désintérêt pour la chose publique. Au contraire, il s’agirait ici d’une remise en cause du système de délégation du pouvoir et le signe d’une confiance rompue entre l’élite dirigeante et la jeunesse.

 

Génération climat

La grève internationale pour le climat du 15 mars 2019, réunissant 1,8 million d’étudiants, de lycéens et de collégiens dans les rues de 130 pays (200 000 en France) a démontré que la jeune génération était mobilisée contre le dérèglement climatique. Le mouvement Fridays for futur (aussi nommé Youth for climate), encore actif aujourd’hui, prend ses racines à l’été 2018 dans une série de catastrophes climatiques et avec la grève scolaire entamée par la suédoise Greta Thunberg. Alors âgée de 16 ans, cette dernière est devenue l’icône du mouvement climat.

Pour Anakin, 18 ans, qui vient d’entamer ses études supérieures, les grèves pour le climat ont été le point de départ de son engagement au sein de Youth for climate Montpellier alors qu’il rentrait à peine dans l’adolescence : « Tous ceux qui étaient sensibles à l’écologie et aux luttes militantes connaissaient le mouvement dans ma classe en quatrième et en troisième », se remémore-t-il. Puis, vient 2020 et le confinement. Les images des incendies qui ravagent l’Australie tournent en boucle sur les réseaux sociaux, un nouvel électrochoc. « Je me suis vraiment rendu compte de l’urgence climatique. Et je me suis dit : peut-être pourrais-je être utile à mon échelle. C’était un engagement politique », estime-t-il.

Depuis, Anakin s'implique bénévolement pour Youth for climate dans l’Hérault. Son but : toucher un public plus large. « Les militants pour le climat, on n’est jamais très loin de notre cercle social, plutôt issus d’une classe moyenne aisée. Comment faire venir des gens qui ne sont pas sensibilisés à notre combat ? C’est ce que j’essaye de résoudre ». En juin dernier, à l’occasion de l’ouverture de la boutique éphémère du géant de la fast-fashion Shein, il décide, en pleine période du bac et avec une vingtaine de volontaires, de mener une action de sensibilisation autour de l’exploitation par la firme des Ouïghours, minorité musulmane vivant en Chine et persécutée.

Une vidéo montrant les adolescents dans le centre commercial munis de leurs pancartes « Shein complice de crime contre l’humanité », « ne participez pas au massacre » a été vue plus d’un million de fois. « Dans ce cas, on se demande toujours si le bon message est passé », se soucie Anakin, conscient qu’un clivage social existe parmi la jeunesse. « Certaines personnes achètent des vêtements Shein pour leurs prix bas. Il faut qu’on trouve le juste milieu entre la dénonciation et la proposition de solutions, estime-t-il. C’est pourquoi on a développé nos interventions en milieu scolaire pour vulgariser ce qu’est le changement climatique, ou encore en travaillant avec des acteurs locaux sur le recyclage ou les vêtements de seconde main. En militant contre Shein, on dénonce aussi la surconsommation.»

 

Investir les prétoires

Le volontarisme des jeunes est également parvenu à inscrire l’urgence climatique à l’agenda politique. Les grèves pour le climat ont permis la vulgarisation des objectifs de l’accord de Paris (COP21), soit la limitation du réchauffement entre 1,5°C et 2°C et l’impératif pour y parvenir de réduire nos émissions de gaz à effets de serre. Sur la même période, 2,3 millions personnes signent la pétition L’Affaire du siècle, un record, et soutiennent le recours en justice contre l’État français qui ne respecte pas les engagements de la COP21.

Les jeunes n’hésitent plus à se saisir de l’outil juridique pour faire valoir leur droit à vivre sur une planète viable. Pour se défendre, Maya, 18 ans, ainsi que quatre autres jeunes européens ont porté plainte, en juin 2022, devant la Cour européenne des droits de l’homme contre douze États2 signataires du Traité de la charte de l’énergie (TCE)3 adopté par 53 pays au début des années 1990.

« Parce que la charte de l’énergie permet à des investisseurs dans les énergies fossiles de porter plainte et de réclamer d'énormes sommes d’argent quand l’État prend, par exemple, une décision pour protéger le climat, c’est un frein à la lutte contre le réchauffement climatique », dénonce-t-elle. Maya avait 14 ans quand elle a vu son île de Saint-Martin dévastée par l’ouragan Irma. Elle s’estime victime directe du dérèglement du climat. En démontrant les liens entre le cyclone qu’elle a vécu et le traité commercial, incompatible avec les engagements pris lors de la COP21, elle espère contraindre les États visés à sortir de ce traité ou à le réformer en profondeur.

Au même moment que les grèves pour le climat, certains activistes sont allés décrocher 127 portraits d’Emmanuel Macron dans des mairies pour dénoncer symboliquement le vide politique de son mandat à cet égard. Des procès (84 au total), notamment pour « vol en réunion », ont été intentés à des militants de tout âge. Parmi eux, Léa et Lucie, qui avaient moins de 30 ans quand elles ont mené cette action à visage découvert dans la Drôme. « J’ai signé des pétitions, j’ai fait les marches pour le climat, des « vélorutions ». Toutes ces actions n’ont pas été entendues », confiait Léa à Sans Transition!, à la veille de son procès, le 13 novembre 2021. « Faire de la désobéissance civile, ça ne m’amuse pas du tout. S’il y avait d’autres choses à faire, et je les ai déjà faites, je le ferais. Je ne vois que ce moyen pour mettre les lois au service de l’humain et de la protection des citoyens ».

Certaines juridictions, comme Auch dans le Gers, ont reconnu la légitimité de cette action symbolique au regard de la liberté d’expression et de l’état de nécessité en relaxant les prévenus. Mais le combat continue, les décrocheurs et décrocheuses condamnés ont décidé, aussi, de saisir la Cour européenne des droits de l’homme.

@Estelle Pereira

Blocage, sabotage

La désobéissance civile devient une façon d’agir pour les primo-militants. À côté des marches pour le climat, des groupes d’action comme Extinction Rebellion (XR) ont vu le jour. Parti du Royaume-Uni en octobre 2018, le mouvement et son logo, un sablier à l’intérieur du cercle de la terre symbolisant l’urgence d’agir, se sont propagés à toute vitesse à travers l’Europe. En 2019, XR France revendique 8 000 militants. Pour ces activistes, risquer une arrestation est un moindre mal. Selon une enquête réalisée par le collectif de sociologues Quantité critique auprès des jeunes de la génération climat, 90 % d’entre eux acceptent les actions de désobéissance civile et 20 à 30 % sont favorables à des dégradations de biens, notamment d’industries polluantes.

Pour bloquer le plus longtemps possible le Tour de France, les activistes de Dernière rénovation se sont collés leur main sur le bitume avec de la glu, pendant que d’autres brandissaient des pancartes qui insistaient sur une revendication précise : la rénovation urgente des passoires thermiques en France. Les militants espèrent provoquer suffisamment de perturbations pour faire pression sur le gouvernement. « La rénovation thermique a été choisie parce que c’est une demande populaire, qui suit les propositions de la Convention citoyenne pour le climat. Rénover toutes les passoires thermiques est un objectif atteignable et, en cas de victoire, on pourrait redonner confiance et servir de tremplin à toutes les autres luttes », espère Jérémy qui a participé à une telle action le 12 juillet 2022.

 

Des comptes aux riches

Les jeunes militants sont aussi empreints de justice sociale et demandent des comptes aux possédants de ce monde. C’est le sens d’une action menée en mai 2022, durant laquelle l’Assemblée générale annuelle de Total à Paris a été bloquée. Les Amis de la Terre et Alternatiba, deux mouvements largement composés par des jeunes et adeptes « des actions non-violentes, perturbatrices et transgressives », ont dénoncé les investissements massifs de la firme française dans les énergies fossiles (90 % de ses investissements selon l’Institute for Energy Economics and Financial Analysis) et l’hypocrisie de son « Plan climat ».

La rencontre avec les actionnaires, plutôt âgés, avait une allure de guerre générationnelle. Camille Etienne, 24 ans, figure militante, présente sur place, martelait alors : « Les énergies fossiles doivent rester dans le sol, c’est la science qui le dit. On va aussi mettre la pression aux pouvoirs politiques pour leur dire : il faut organiser cette sobriété. […] et c’est pour ça qu’on n’est pas en train de taper sur les gens qui consomment, parce qu’ils n’ont pas le choix, mais sur ceux qui produisent. »

La désobéissance civile demeure la forme la plus visible de l’engagement politique des jeunes. Mais d’autres façons d’agir sont en effervescence. Dans leur quotidien, les jeunes interrogés par Sans Transition! ont tous mené des changements de leur vie, comme ne plus prendre l’avion, manger moins de viande, moins consommer etc. Mais un mouvement plus silencieux, plus lent, est à l'œuvre. Et il s’opère, entre autres, dans le milieu professionnel.

 

Quitter son job

L’appel à déserter lancé au printemps dernier par huit ingénieurs nouvellement diplômés d’AgroParisTech, encourageant les jeunes étudiants à bifurquer et à refuser de travailler pour des entreprises polluantes, l’a mis en lumière. Depuis des années déjà, une minorité, qui semble devenir de plus en plus importante au regard de la quantité de postes non pourvus (100 000 travailleurs ont quitté les rangs selon l’Union des métiers et industries de l’hôtellerie et 300 000 postes seraient à pourvoir dans plusieurs secteurs), mais aussi parmi les cadres, des diplômés laissent de côté une carrière toute tracée, un salaire confortable, pour mettre leur énergie au service d’un monde plus durable.

Car ce qui ressort également parmi cette génération, à travers de nombreux sondages, c’est la recherche de sens dans son travail. Dans une enquête menée par le Figaro Étudiant et Opinion Way (février 2020), auprès des jeunes de la Génération Z - nés dans les années 2000 - 95 % d’entre eux ont affirmé vouloir exercer une activité qui a “du sens”. L’éco-anxiété, soit la peur vis-à-vis de l’avenir de la planète, qui concerne, d'après la revue The Lancet Planetary Health menée dans un dizaine de pays européens dont la France, 45 % des jeunes, peut aussi se transformer en action. Celle d’agir, de choisir un métier qui coïncide avec la nécessaire sobriété et l’autonomie face aux catastrophes annoncées.

Comme, Loïc, 24 ans, pensait pouvoir changer de l’intérieur le monde de l’entreprise. En 2020, au sortir de ses études en ingénierie, il accepte un poste dans l’industrie automobile dans le domaine de l’hydrogène. « J’ai réalisé que l’écologie n’était pas la priorité de mon entreprise. Mais surtout que j’avais peu de pouvoir pour faire évoluer le secteur de l’intérieur. Ça me pesait de plus en plus », confie-t-il. Peu à peu, il passe plus de temps à travailler bénévolement auprès du groupe Pour un réveil écologique, dont l’appel avait été signé par 18 000 étudiants en 2018. Il décide de démissionner en janvier 2022.

Désormais, Loïc donne des formations ponctuelles en école d’ingénieur, son gagne-pain, où il ne manque jamais d’évoquer les rapports du Giec. En parallèle, il s’investit avec une cinquantaine d’étudiants et de jeunes actifs dans des actions de lobbying et de sensibilisation auprès du grand public et des entreprises. C’est à eux que l’on doit les publicités sur le rapport du Giec dans le métro parisien et les rues lyonnaises, ou encore la formation sur le climat délivrée aux nouveaux députés à leur entrée à l’Assemblée nationale. « Il y a encore des étudiants qui n’ont pas conscience de la crise climatique. On peut parler du métavers ou encore du succès de Shein. Chaque génération a ses contradictions. Mais je sens une vague d’éveil. Même si elle n’est pas énorme, c’est une nette amélioration à mon sens », ressent Loïc.

Pour ceux qui ont réalisé l’ampleur de la crise climatique et sociale, reste à trouver un équilibre entre son engagement et sa vie professionnelle. Loïc ne se considère pas comme un militant, mais plutôt comme un « engagé », une nuance sémantique qui a son importance selon lui : « pour moi, un militant participe à des manifestations, ce qui n’est pas mon cas. J’échange beaucoup avec le secteur de l’aérien et j’ai une écoute qui me permet de faire bouger les choses. Si je participe à une action de désobéissance civile, il y a un risque que ce soit mal vu et que ça me ferme des portes. On ne contrôle pas toujours la façon dont l’action va être reprise et interprétée », rapporte-t-il. Cette « timidité », comme il la nomme, il s’en émancipe peu à peu et n’exclut pas, un jour, de manifester, en plus des tables-rondes, des conférences et des événements auxquels il participe dans le monde de l’entreprise.

De son côté, Mathilde, 24 ans, étudiante dans une école de commerce bordelaise spécialisée dans le vin, s’est elle aussi retrouvée dans un univers professionnel déconnecté des enjeux autour de la biodiversité et du climat. « Je n’ai eu aucun cours sur le vin bio », donne-t-elle en exemple. « Certes, c’est une école de commerce, donc forcément ce qui les intéresse, c’est de vendre. Mais je pense que les écoles sont en retard et peuvent perdre en attractivité auprès des jeunes si elles ne se bougent pas. » Elle sera l’une des premières à signer un mémoire qui s’intéresse à la façon de produire le vin, à la polyculture dans les vignes, mais aussi sur le bien-être au travail des vignerons. « Et finalement, je veux faire le seul métier qui ne rapporte pas dans ce milieu : viticultrice », ironise-t-elle.

Selon Luc Semal, chercheur au Muséum national d’histoire naturelle, les notions de développement durable et de croissance verte, pierres angulaires des politiques publiques environnementales, ne suscitent pas l’adhésion de cette jeunesse militante du climat. « À la place, les idées de décroissance et d’après-croissance se diffusent plus largement. La notion d’effondrement de notre société est perçue comme plausible », analyse le chercheur dans Le Monde (24 mai 2019).

@Dernière rénovation - Les militants de Dernière rénovation ont bloqué le Tour de France le 23 juillet 2022 pour interpeller le gouvernement sur la nécessité de rénover d’urgence le parc immobilier français d’ici 2040.

Sortir d’un monde capitaliste

“C’est pas juste s’occuper sa petite pomme, dire regardez je suis un beau colibri, je fais la révolution, parce que j’utilise des toilettes sèches et je mange bio. Il y a des choses à mener de pair et c’est ce que j’ai réussi à trouver ici”. Le témoignage vient d’une jeune fille, dont on ne sait le nom, mais qui témoigne depuis Notre-Dame-des-Landes dans ZAD, une vie à défendre. Le documentaire met en lumière ces jeunes qui peuplent les “Zones à défendre”, véritables laboratoires d’un mode de vie plus écologique et égalitaire4. Dans le sillage de cette forme des plus radicales de l’engagement, qui entend mettre à bas le capitalisme, émerge également des fermes collectives où des néo-paysans s’installent à plusieurs pour se soutenir et partager les coûts de l’installation. L’habitat léger, qui fait coïncider sobriété et logement, a de plus en plus de succès auprès d’une génération qui use de l’huile de coude pour auto-construire sa maison.

Cette recherche d’autonomie est une réponse à la défiance envers les institutions. Du haut de ses 35 ans, Nathan* est persuadé que l’État ne prendra pas les mesures nécessaires pour sortir du capitalisme et de son système techno-industriel qui broie la terre et les humains qui la peuplent. Quand il entend parler des coopératives intégrales, ces organisations qui expérimentent une autre façon de faire société en recherchant l’autonomie, il participe à la création de celle du bassin de Thau, dans l’Hérault. Il réfléchit, entre autres, avec une centaine de membres plus ou moins actifs, à la mise en place d'un salaire en commun.

L’expérience militante de Nathan commence en 2006 quand, étudiant en fac de sciences, il participe aux blocages contre « le contrat première embauche ». « Il y avait une sorte d’ébullition. Pendant 6 semaines, nous avons échangé, discuté, refait le monde. On avait l’impression de faire la révolution », raconte-t-il. Depuis, il est de toutes les luttes : contre le gaz de schiste, le nucléaire, la loi travail, les grands chantiers jugés inutiles...

Pour lui, la lutte écologique est indissociable de la lutte sociale. « La première chose qu’a fait le capitalisme, c’est de nous déposséder de nos moyens de subsistance. Il faut construire la base matérielle que l’on n’a plus ». Au départ, Nathan voulait être professeur, mais peu à peu, devenir maraîcher lui a semblé le plus cohérent pour mettre son temps disponible à l’expérimentation d’une autre société, plus autonome et égalitaire.

 

Et la politique dans tout ça ?

L’engagement politique, comme celui consistant à rejoindre un parti ou un syndicat, n’est pas pour autant un repoussoir pour tout le monde. Lors des dernières législatives, Louis Boyard, 22 ans, ancien président de l’Union national lycéenne, a été élu député Nupes dans le Val-de-Marne et entend « défendre la voix de la jeunesse que l'on entend trop peu ». Militant contre Parcoursup et « Gilet Jaune », il a débuté son engagement au lycée car ce dernier contenait de l’amiante.

Pour Anakin non plus, la politique n’est pas un domaine à déserter. Du haut de ses 18 ans, il n’exclut pas de s’engager un jour. Quant à Loïc, il trouve l’abstention inquiétante et plaide pour une meilleure sensibilisation sur l’enjeu des élections, seule solution, selon lui, pour encourager les gens des classes populaires à s’y intéresser.

Aux dernières législatives, quelques militants pour le climat ont fait leur entrée à l’Assemblée nationale. À l’instar de Marie Pochon, qui a longtemps travaillé auprès de l’association Notre affaire à tous et a lancé l’Affaire du siècle. Ou encore Alma Dufour, “décrocheuse” chez ANV-COP21 et “Gilet Jaune”. Toutes les deux ont 32 ans.

Marie Pochon ambitionne de devenir une véritable porte-parole des habitants de sa circonscription. Ceci en créant des assemblées locales multiples qui feront remonter leurs revendications. « On réfléchit à une représentation par tirage au sort sur le territoire et aux moyens de formations collectives et de co-construction de la loi. On tâtonne encore mais l’objectif est d’établir un dialogue permanent entre l’Assemblée et les territoires », imagine-t-elle, en pleine campagne.

Passer du milieu associatif à la politique est une suite logique dans leur combat pour la justice sociale et l’écologie. Le dilemme n’en reste pas moins difficile : seront-elles aussi audibles au sein des institutions que dans les manifestations et leur action de désobéissance civile ? Personne ne leur a jamais dit que le militantisme était un long fleuve tranquille.

(*) son prénom a été modifié à sa demande
 
  1. « Les évolutions contemporaines de l’engagement des jeunes : fossilisation et fertilisation », Laurent Lardeux, novembre 2010.
  2. La France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Suisse, les Pays-Bas, l’Autriche, la Grèce, la Belgique, le Danemark, la Suède, le Luxembourg et Chypre
  3. Le TCE est un accord international qui offre une protection aux investissements étrangers, dans le secteur énergétique. Comme de plus en plus de pays européens veulent réduire leur utilisation d’énergies fossiles, les opérateurs de centrales au charbon, ou d’infrastructures gazières, peuvent invoquer le TCE pour poursuivre les gouvernements.
    4. Documentaire « ZAD, une vie à défendre » (2020), par Thierry Kübler et Stéphanie Molez

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