Yves-Marie Le Lay, Sauvegarde du Trégor, : « Les autorités ne veulent pas admettre que les marées vertes sont dangereuses »

Publié le lun 26/09/2016 - 13:04

Le procureur de la République de Saint-Brieuc, Bertrand Leclerc a ordonné, le 22 septembre, l'exhumation du corps d'un joggeur retrouvé mort, enlisé dans une vasière, à Hillion, près de Saint-Brieuc. L'homme est décédé le 8 septembre à l'embouchure du Gouessant, près du lieu où, en 2011, une trentaine de sangliers avaient été découverts intoxiqués par l'hydrogène sulfuré dégagé par des algues vertes en décomposition. Après avoir nié tout lien entre le décès du jogger et la présence d'algues les autorités font marche arrière, en demandant une autopsie et des « analyses complémentaires, toxicologiques et anatomopathologiques ». Autopsie et analyses demandées dès la découverte du corps par l'association La Sauvegarde du Trégor, collectif dont Yves-Marie Le Lay est le président. Interview.

Dans quelles circonstances est mort le joggeur en baie de Saint-Brieuc ?

L'estuaire du Gouessant situé en baie de Saint-Brieuc est une réserve naturelle, encaissée voire inaccessible. Il n'y a pas d'habitation et le joggeur s'est retrouvé isolé. Il s'est intoxiqué et a fait un malaise. Nous avons été sur cette plage deux jours après son décès. Nous avons fait des prélèvements avec un détecteur de gaz et en portant des masques. Nous avons donc pu vérifier la présence d'hydrogène sulfuré (H2S) dans la vase qui atteignait jusqu'à 360 ppm (parties par million) aux endroits où l'homme a été retrouvé. Dans toute cette zone la vase est gorgée d'hydrogène. Alors que c'est une resserve naturelle elle est aujourd'hui devenue une vaste zone morte.

Pensez-vous que les prélèvements qui vont être fait puissent prouver l'intoxication ?

Les prélèvements sont faits 15 jours après le décès, or comme un corps en décomposition produit de l'hydrogène sulfuré, je crains que les autorités affirment que les taux observés soient « normaux ». Le seul espoir c'est qu'en analysant les poumons il y ait les traces d'un œdème. Ceci prouverait l'intoxication puisque l'hydrogène empêche les alvéoles de pratiquer l'échange entre l'oxygène et le sang.

Comment expliquer que les analyses ne soient faites que 15 jours après son décès ?

La version officielle fut que le joggeur avait été retrouvé enfoncé jusqu'à la taille dans la vase et que c'est en voulant se dégager qu'il aurait eu un accident cardiaque. Ce déni a permis de ne pas faire de prélèvements immédiatement après le décès. Après avoir été sur place nous avons rejeté cette analyse et la presse a transmis nos revendications. Cela a libéré la parole d'un pompier qui a contredit la version officielle en expliquant qu'ils avaient retrouvé le joggeur allongé le nez dans la vase. Les autorités ne veulent pas admettre que les marées vertes sont dangereuses malgré nos nombreuses alertes. Elles ont ouvertement menti. Nous avons porté plainte contre les représentants de l’État cette après-midi (le 23/09/2016, ndlr) au tribunal de Saint-Brieuc pour mise en danger délibérée de la vie d'autrui.

Plus d'infos :

www.alguesvertes.fr

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