[THEMA] Planter des arbres : la solution miracle ?

Publié le lun 08/08/2022 - 12:00

Par Julien Dezécot

Planter 1000 milliards d’arbres serait la solution pour enrayer le changement climatique. Plusieurs chercheurs, gouvernements et multinationales, militent pour cette option intéressante dans nos villes. Qu’en est-il vraiment ?

170 000 arbres plantés d’ici 5 ans. L’ambitieux plan Arbres de la ville de Paris, lancé en octobre dernier, met l’arbre au cœur de la Capitale, où 20 000 spécimens ont été plantés depuis 2014 ! Quatre nouvelles forêts urbaines, des cours d’école oasis, des ramblas vertes ou encore la végétalisation du périphérique seront mis en œuvre. Quatre axes majeurs articulent le projet : planter, préserver l'existant, connaître la ressource et mobiliser.
Comme Paris, de nombreuses collectivités telles Nantes, Lyon, Marseille ou Bordeaux, entre autres, s’inscrivent dans cette dynamique. Car les bénéfices affichés des plantations d’arbres en ville sont légion. Selon l’ONG américaine The Nature Conservancy : un arbre est capable d'éliminer jusqu'à un quart de la pollution par les particules dans un rayon d'une centaine de mètres. « Judicieusement planté, précise l’ONG, il constitue une barrière efficace pour filtrer l'air vicié et protéger les personnes vivant à proximité ».
Ainsi, de grands arbres peuvent retenir jusqu'à 5,4 tonnes de CO2 par an en rafraîchissant les villes et jusqu’à 20 kg de poussière filtrée, estime de son côté l’Union Nationale des Entreprises du Paysage (rapport Asterès).

Implanter des mini forêts-jardins

Problème de taille soulevé par deux études scientifiques parues en 2020 dans la revue Nature Sustainability : lorsque les projets ne sont ni correctement pensés, ni suffisamment bien gérés, les nouvelles plantations peuvent avoir des effets négatifs sur leur environnement et la biodiversité urbaine associée. Ainsi, certaines plantations urbaines gérées de manière intensive ou en monoculture « génèrent de graves conséquences sur les écosystèmes et les sols captent moins de CO2 qu’escompté » souligne le botaniste Francis Hallé.
D’où l’idée de « recréer de véritables forêts dans nos villes ! », s’exclame Charles Hervé-Gruyer, co-fondateur de la ferme du Bec Hellouin en Normandie, référence en permaculture et auteur d’un récent ouvrage baptisé Créer une mini forêt jardin, aux éditions Ulmer. Lui a pu expérimenter ce nouveau modèle au Bec Hellouin depuis 6 ans. Résultat : 200 m² cultivés sur une petite parcelle forestière de 320 m². « Nous avons réalisé un suivi technico-économique de l’ensemble : temps de travail en micro-maraîchage, valorisation de la récolte, coûts de production… Ce modèle s’avère à la fois très écologique et extrêmement performant d’un point de vue économique. », assure-t-il.
A quoi ressemblerait une telle forêt urbaine dans nos villes ? « Il s’agit d’une organisation par paliers, illustre Charles Hervé-Gruyer, depuis la strate herbacée au sol, l’étage intermédiaire des buissons et la canopée formée d’arbres fruitiers. Des lianes grimpent même sur les troncs des fruitiers, comme dans les forêts tropicales, dont elles s’inspirent. », précise-t-il. Autrement dit, il s’agit d’une utilisation particulièrement efficace de l’énergie solaire, grâce aux panneaux naturels que sont les feuilles, à chaque étage forestier.
Outre sa dimension nourricière, la mini-forêt jardin offre le plein de services ! Elle embellit la ville. Elle crée des milieux frais végétalisés, des micro-climats et stocke du carbone là où la ville en rejette. « Elle peut également contribuer à recycler la matière organique produite par les habitants », complète Charles Hervé-Gruyer, grâce à un compostage efficace. In fine, elle est éminemment créatrice de lien social. »

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