[THEMA] Ils militent en faveur des biens communs

Publié le lun 18/04/2022 - 09:05
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Par Elodie Crézé

Riccardo Petrella, économiste altermondialiste et politologue italien, et Vandana Shiva, écrivaine et écoféministe indienne, cheffe de file du mouvement altermondialiste, défendent l'idée des biens communs en faveur d'un monde plus juste et résilient.

crédit ecosociétéRiccardo Petrella, l'eau comme bien commun

Riccardo Petrella est l'auteur du Manifeste de l’eau, aux éditions Labor, dans lequel il propose une gestion commune de la ressource fondée sur le financement public et la participation active des citoyens. Extrait :

« II faut (re)donner la gouvernance de l'eau à ses vrais propriétaires, à savoir les habitants de la planète. L'eau appartient à l'humanité. Elle n'appartient pas aux États, aux "États-nations". À fortiori, elle n'appartient pas aux marchés, aux entreprises, aux actionnaires. Elle appartient aux communautés humaines, des plus petites (les communautés villageoises) à la plus grande (la communauté mondiale). [...] On ne peut pas laisser la gouvernance de l'eau aux logiques financières et marchandes qui ne garantissent le droit de vivre qu'aux consommateurs solvables et aux épargnants/propriétaires/actionnaires. Pour que l'humanité se (ré)approprie son droit à vivre par et avec de l'eau saine, aujourd'hui et demain, il importe donc d'inverser les tendances actuelles à la marchandisation de toute activité humaine et à la privatisation de tout bien et service. »  

Crédit photo Ecosociété

 

crédit amélia blanchotVandana Shiva, la théorie des communs

Écoféministe indienne, Vandana Shiva défend régulièrement l'idée des biens communs. Elle est notamment l'auteur du livre Le cercle vertueux, co-écrit avec Nicolas Hulot et Lionel Astruc, dans lequel la notion de bien commun est décrit tel un élément crucial à intégrer dans les législations en vue de leur protection. Elle répondait à Sans transition ! :

« On devrait appliquer cette théorie des communs dans toute dimension de la vie qui soit un droit commun, un droit humain. Les communs de la vie sont l’eau, l'oxygène. Toutes les cultures possèdent aussi leurs communs. La terre est un commun pour tous, comme l'ont évoqué les indigènes présents lors de la COP 26. Les Indiens d'Amazonie pensent également que la forêt fait partie des communs. Les semences font partie des communs, elles ne doivent pas faire l'objet de propriété intellectuelle et de brevet. Et la pollution constitue vraiment la première violation de ces communs. Après le protocole de Kyoto, créé pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre, on créé désormais des marchés de carbone ! Ce sont ces nouvelles violations de l'atmosphère, autre commun, qui vont entraîner une dévastation massive. L'air est notre bien commun, mais nous le partageons aussi avec les arbres : sans l'oxygène qu'ils fabriquent, l'Homme ne pourrait pas respirer. Les communs sont ainsi partagés par d'autres formes de vie, par d'autres systèmes écologiques. Mais il y a aussi la santé qui est un commun ; l'énergie qui devrait être considérée comme tel, tout comme l'éducation. »

Crédit Amelia Blanchot

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