[EDF] Sofiane Boukebbous : « Notre objectif est très clair : continuer à innover »

Publié le mer 07/12/2022 - 09:05

A l’occasion du salon Energaïa, dont Sans transition ! est partenaire, nous avons interrogé Sofiane Boukebbous, directeur du développement des énergies renouvelables terrestres chez EDF Renouvelables, sur la volonté d’EDF d’accélérer la transition énergétique.

Le projet de loi ENR, qui vise à l’accélération de la transition énergétique, est arrivé ce lundi dans l’hémicycle : quelles sont vos attentes vis-à-vis de ce projet ?

Les attentes de la filière, à travers le syndicat d’énergies renouvelables, sont clairs : que la transition énergétique soit abordée avec l’urgence qu’elle mérite. C’est un sujet qui nous concerne tous et toutes, et si nous voulons assurer notre indépendance énergétique sur les 15 prochaines années, nous ne pouvons compter que sur les énergies renouvelables. Ces technologies sont aujourd’hui matures, parfaitement maîtrisables et elles sont les seules à pouvoir répondre économiquement et écologiquement aux enjeux climatique et énergétique. L’un des grands enjeux de ce projet de loi est donc l’accélération de l’instruction des dossiers. Mais attention : il ne s’agit pas de permettre d’installer des parcs éoliens ou photovoltaïques partout. Il s’agit de réduire les délais de traitement de dossier et des recours juridiques, pour soit permettre une révision rapide des projets, soit de les annuler, ou encore de renouveler des parcs existants. Aujourd’hui il faut parfois attendre 2 à 3 ans avant d’obtenir une réponse de l’administration ; délai qui n’est pas compatible avec une volonté de déploiement rapide mais maîtrisée.

Comment prévoyez vous d’accompagner ce plan ? Qu’elles sont vos objectifs de développement ?

Chez EDF, nous nous donnons les moyens techniques et humains de réussir cet objectif de transition non seulement au niveau national, mais aussi en interne au groupe, avec un objectif de neutralité carbone d’ici 2050. Plus spécifiquement, notre plan solaire devrait nous permettre de devenir un des leaders sur le marché du photovoltaïque d’ici 2035, avec 30 % des parts de marché. Des objectifs qui pourront être atteints notamment en valorisant les sites à faible intérêts écologiques ou économiques, comme les anciennes friches industrielles, les bordures d’autoroutes, etc.

Mais la stabilisation de l’approvisionnement national peut aussi passer par des démarches d’autoconsommation. C’est un sujet que nous avons commencé à aborder depuis plusieurs années, et aujourd’hui nous développons notre offre photovoltaïque pour correspondre aux différentes cibles : d’une installation individuelle de faible puissance à un site industriel avec une installation au sol, en passant par des projets d’autoconsommation collective. Ce dernier point est particulièrement nouveau et récent, mais nous sommes aujourd’hui en capacité de concevoir des projet de 4 ou 5 MW, qui couvrent les besoins locaux dans un rayon de 2km. Ainsi, le réseau national est moins sollicité et les pertes relatives au transport de l’électricité sont minorées.

Vous avez évoqué les soucis de lenteur administrative. Qu’en est-il des ralentissements dus aux blocages et oppositions locales ? Qu’elles sont vos attentes et vos solutions sur ces points ?

Chez EDF nous nous sommes adaptés et ces aspects sont intégrés depuis plusieurs années déjà dans la conception des projets. La concertation a pour nous toujours été primordiale. Aussi les maires et riverains sont associés au développement des projets dès leurs phases de conception. Les mesures environnementales sont, elles, validés avec les élus, les associations et les administrations compétentes. Nous mettons également en place des comités de suivis et de concertations, pour adapter le projet selon les besoins et les enjeux du territoire en fonction des différents enjeux identifiés. Sur tous nos projets, nous avons également mis en place une part de financement participatif qui permet de relocaliser et de partager la valeur sur les territoires. Ainsi sur la filière photovoltaïque nous avons atteint le seuil de 10 millions de financement participatif au niveau national. Enfin, nous facilitons évidemment la création d’emplois directe et indirecte sur les territoires, notamment en identifiant les entreprises locales susceptibles de participer à la construction des parcs.

Enfin, quels sont vos projets d’innovation sur les ENR ?

Notre objectif est très clair sur ce point : continuer à innover sur des zones d’implantation où il était techniquement impossible de s’implanter quelques années plus tôt. Nous sommes notamment en pleine phase de développement du photovoltaïque flottant, toujours dans l’objectif d’optimiser des sites à faibles intérêts écologiques ou économiques : lac de carrière, lac de retenue hydroélectrique. Via notre filiale Hynamics, nous parvenons également à coupler le photovoltaïque avec la production d’hydrogène bas carbone à destination des entreprises et des mobilités urbaines. Enfin, nous venons de lancer une expérimentation mêlant agriculture et production d’énergie : Agri-PV. Cette expérimentation vise à analyser comment les plantes cultivées, qu’il s’agisse de maraîchage, de production céréalière ou autres, s’habituent à la présence des panneaux solaires. L’objectif est bien-sûr de donner la priorité à l’agriculture, la production énergétique vient alors seulement en complément.

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