[CRESS] « L’utilité sociale est dans l’ADN des entreprises de l’ESS »

Publié le mer 09/11/2022 - 10:40

A l’occasion du mois de l’Economie sociale et solidaire (ESS), la Chambre régionale des entreprises de l’économie sociale et solidaire (CRESS) de la région PACA a organisé le salon ESS Sud, le 3 novembre à Marseille, dont Sans transition ! était partenaire. L'occasion pour nous de rencontrer ces acteurs de l'ESS engagés sur les territoires ! La parole à Denis Philippe, Youssef Achour, et Franck Maillé.

Interview de Denis Philippe, président de la CRESS Paca : "Nous allons former davantage les élus à l'économie sociale et solidaire en lançant des à présent une formation dédiée à leur attention ! Nous avons également l'ambition de devenir dès à présent la première région de France engagée dans l'ess", promet Denis Philippe, qui a également été élu ce 13 octobre au Bureau du Conseil Supérieur de l'Economie Sociale et Solidaire (CSESS).

ST : En quoi les entreprises de l’économie sociale et solidaire (ESS) seraient-elles plus durables, plus responsables ?

Denis Philippe : Les entreprises de l’ESS sont engagées depuis des années dans des démarches socialement et écologiquement responsables : elles font du ramassage de déchets, du recyclage, elles sont précurseures sur l’insertion de travailleurs handicapés, elles font le lien entre les agriculteurs bio et les cantines des communes et des hôpitaux…. À la différence des entreprises de l’économie capitaliste, qui tentent d’évoluer vers des pratiques plus vertueuses mais qui existent d’abord pour créer du profit, nos entreprises répondent à un besoin social. Et ensuite, nous les accompagnons pour développer un modèle économique qui puisse tenir la route. L’utilité sociale est dans leur ADN.

ST : Comment les collectivités peuvent s’engager davantage en faveur de l’ESS et accélérer la transition économique ?

Denis Philippe : Bientôt, les collectivités vont devoir réserver des parts de marché aux entreprises de l’ESS. Jusqu’ici, leurs particularités organisationnelles ne leur permettaient pas d’être correctement prises en compte, mais l’assouplissement des critères d’attribution des marchés publics va le leur permettre. Nous devons en profiter pour réaffirmer notre mode d’entreprendre, plus respectueux de l’humain et de la planète. Il faut que nous avancions ensemble : le monde politique et le monde entrepreneurial méconnaissent complètement leurs réalités respectives. Avec une stratégie commune, nous pourrions faire en sorte que les collectivités qui ont des projets d’intérêt général puissent les confier aux entreprises locales engagées dans l’ESS, plutôt qu’au mieux-disant économique, sans regarder les conditions de travail des salariés ni la sous-traitance…

ST : Marlène Schiappa, la secrétaire d’Etat chargée de l’ESS, a dévoilé le 14 septembre dernier sa feuille de route pour la fin de l’année : 2,5 millions d’euros pour la relance des pôles territoriaux de coopération économique (PTCE), une réévaluation de la loi Hamon ou encore la création du Conseil supérieur de l’ESS. Ces annonces sont-elles à la hauteur de l’enjeu ?

Denis Philippe : Je fais partie de ce Conseil piloté par l’Etat, qui va s’installer dès le 13 octobre prochain, et qui met en lien direct les acteurs de l’ESS et le gouvernement. Pour autant, je pense que les CRESS n’ont pas de la part de l’Etat le soutien financier suffisant pour soutenir les entreprises responsables sur le territoire. Pour pouvoir faire la démonstration par l’exemple, il nous faut plus de reconnaissance : nous représentons 17 000 entreprises, mais nous avons cinquante fois moins de moyens que les chambres consulaires (les CCI ou les chambres des métiers, par exemple). Lorsque le préfet de Région réunit les acteurs économiques, nous ne sommes pas invités. L’Etat doit faire appliquer concrètement la loi pour que nous puissions faire état de la pertinence du modèle économique des entreprises de l’ESS.

Plus d’informations : sur le site web de la CRESS PACA

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