[THEMA] La ferme collective La clef des sables, quand l’union fait la résilience

Publié le ven 06/01/2023 - 11:00

Par Estelle Pereira

À Saint-Lattier, commune de 1 200 habitants en Isère, une vieille ferme du XIXe siècle se refait une jeunesse avec l’arrivée de cinq nouveaux paysans.

A son départ à la retraite en 2019, René Cluze a cédé son exploitation de 14 hectares de noyers et 25 hectares de céréales à Nicolas, vétérinaire en reconversion. Ce dernier, conscient des difficultés d’installation, décide de mutualiser ses machines chèrement acquises avec d’autres qui voudraient s’installer dans une activité complémentaire. « Il faut trouver des solutions pour que les candidats à la reprise ne s’usent pas en s’installant, explique-t-il. Il y a pas mal d'échecs et d'abandons parce que les nouveaux arrivants veulent s’installer sur de très petites surfaces. Cela permet de ne pas s’endetter, mais s’ils ne peuvent pas investir dans des machines, alors ils se fatiguent en faisant tout à la main et finalement finissent isolés parce qu’ils n’ont pas le temps de rencontrer leurs voisins ».

En échange de quelques heures de travail, Nicolas met à disposition de Lucas ses quatre tracteurs pour son activité de maraîchage et de Paloma pour son travail sur la vigne et les fruits rouges. En devenant une société coopérative d’intérêt collectif (scic), la ferme la Clef des sables dispose d’un fonds citoyen dans lequel les consommateurs et consommatrices peuvent investir. A terme, les producteurs et productrices aimeraient fusionner pour organiser un véritable système de solidarité, ce qui permettrait d’assurer un revenu minimum à chacun et chacune, y compris en cas de catastrophe climatique, ce qui est de plus en plus fréquent. « Il y a aussi un volet culturel dans notre projet. On parle de tiers-lieu nourricier, avec un espace de développement social sur la ferme. On organise déjà un marché, des concerts, mais pourquoi pas créer un café-restaurant », imagine Anthony, dont le poste de chargé de développement a été financé par une aide européenne. « Les agriculteurs qui s’installent n’ont pas le temps de réfléchir seuls à de tels projets. Je suis là pour mobiliser les ressources de tout le monde et pour créer un véritable lieu de vie. »

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