Propos recueillis par Julien Dezécot
Ernst Zürcher est ingénieur forestier et docteur en sciences naturelles. A l'occasion de la parution de son prochain livre "Planter un arbre et créer une forêt" aux éditions Actes Sud, Sans Transition! repartage un interview de l'auteur, réalisé à l'occasion du festival Agir pour le Vivant de 2020.
Que pensez-vous des plantations d’arbres ?
Dire « je plante un arbre » ne suffit pas. Planter un arbre, c’est mettre en place une jeune plantule qui a besoin de soins, de protection. Le premier geste consiste à réaliser une pépinière, faire germer, planter. Puis il faut accompagner l’arbre dans son développement. Prenons l’exemple d’un jeune saule. En cinq ans, il ne va bien pousser que s’il a suffisamment d’eau. ll convient donc de garantir cet apport vital, qui lui permettra d’accumuler 70 kilos de biomasse. Cela correspond à une certaine quantité de dioxyde de carbone capturé par la photosynthèse et bloqué sous cette forme de biomasse. Ces 70 kilos représentent le travail d’assimilation de l’arbre sur cinq années, soit près de 120 kilos de CO2 captés. C’est à peu près la quantité de CO2 émise par une voiture dans l’atmosphère tous les 1 000 kilomètres. Autrement dit, grâce à ce travail de l’arbre, vous pouvez faire 1 000 km en voiture tous les cinq ans.
Quelles autres précautions faut-il prendre pour optimiser la captation de CO2 ?
Il ne faut surtout pas que ces plantations soient gérées en monoculture. Une étude sino-européenne de 2018 a montré que les performances de captation des arbres sont décuplées dès lors que les essences sont mélangées. Durant les huit premières années, on s’est rendu compte que les parcelles de cette étude, qui étaient composées de seize espèces plutôt que d’une seule, captaient plus du double de carbone que celles en monoculture. C’est très clair, on sait désormais que la biodiversité est l’essence de la forêt naturelle, puisqu’elle renforce la captation du CO2 !