Depuis 30 ans, Thierry Roche et ses associés sont engagés dans une vision environnementale d'urbanisme et d'architecture, grâce à la rencontre et la collaboration avec des chercheurs et ingénieurs. L'objectif de départ, très technique, basé sur la performance et l'ingénierie, a évolué vers une approche plus sensible.
Comment a évolué votre démarche ?
Nous avons construit, il y a plus de 18 ans, le premier bâtiment à énergie positive tous usages en France : la Cité de l'Environnement de Saint-Priest, à côté de Lyon. L'objectif était de créer un bâtiment performant, avec tous les automatismes et calculs qui permettaient de le suivre. Nous avons développé ce goût de la performance en allant toujours plus loin dans le bilan carbone, l'énergie, le choix des matériaux, etc. Mais est-ce que, pour autant, on se sent bien dans un bâtiment performant ? Nous avons alors décidé, comme dans nos locaux Zadiga-Cité, de prendre en compte les ressentis profonds et de travailler davantage la qualité d'ambiance, lumineuse, visuelle, sonore, olfactive. Par exemple, si on a froid ou trop chaud, on ne se sent pas bien. Ou encore, l'odeur du bois produit une molécule du plaisir.
Comment prenez-vous en compte ces ressentis ?
Par exemple, nous organisons des ateliers dans les bungalows de chantier, et nous co-concevons les espaces communs. On voit rapidement qui sont les leaders qui vont fonder le syndic, et qui s’intéresse à tel ou tel sujet. Nous les instituons dans leurs rôles avant que le bâtiment soit terminé. Ensuite, ils écrivent leur règlement de copropriété ensemble, c'est-à-dire une charte de vie, et cela devient leur histoire. Si on impose un bâtiment sans concertation, ce n'est pas leur histoire. Donc le jour de l'emménagement, ils se connaissent déjà tous, et s'organisent bien mieux : c'est presque une fête.