[THEMA] Un élevage décarboné est-il possible 

Publié le mer 27/04/2022 - 12:00

Par les auteurs* du livre Les Vêlages groupés de printemps, édité par le Centre d'étude pour un développement agricole plus autonome (CEDAPA).

Des éleveurs laitiers réduisent de 75 % leur empreinte carbone nette grâce à un système d’élevage adossé aux cycles de la nature : les vêlages groupés de printemps.

Aujourd’hui, la majorité des élevages français fait vêler les vaches toute l’année pour fournir un volume de lait régulier aux laiteries. Cette production régulière repose sur une alimentation des vaches avec des fourrages stockés principalement du maïs, complémenté par des aliments importés comme le tourteau de soja brésilien issu de la déforestation de l’Amazonie. Ces fourrages supposent le plus souvent le recours aux pesticides et aux engrais azotés.

À l’inverse, en vêlages groupés de printemps, les vaches vêlent au début du printemps lorsque la pousse de l’herbe redémarre, et la traite s’arrête en début d’hiver lorsque l’herbe ne pousse plus. Dans cette organisation, le lait est produit uniquement à partir d’herbe pâturée rendant inutile l’achat de soja et de pesticides. Les légumineuses présentes dans les prairies (comme le trèfle) permettent de s’affranchir des apports d’engrais minéral. La consommation de carburant se limite à la confection de foin, réalisé à partir des excédents d’herbe du printemps, pour nourrir les animaux en hiver.

Dans ce système, la ferme est intégralement en prairies permanentes entourées de haies, puissants leviers de stockage du carbone. D’après l’INRAE, ces prairies permanentes stockent plus de carbone que la forêt (85 t C/ha contre 81 t sous forêt et 52 t sous grandes cultures).

Au final, les vêlages groupés de printemps ont une empreinte carbone très faible, liée à une faible émission de carbone (0 aliments achetés, 0 engrais minéraux, 0 phytos et une consommation d’énergie réduite de 80 %) et un stockage de carbone puissant grâce aux prairies et aux haies. Sans compter les autres bienfaits que sont l’amélioration de la biodiversité et de la qualité de vie des éleveurs : le revenu des éleveurs est doublé pour un temps de travail divisé par deux en comparaison de la moyenne française.

*Aurélie Cheveau, Maud Cloarec, Gérard Grandin, Ronan Guernion, Jean-Yves Penn et Pierre-Yves Plessix

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