[THEMA] À Neudorf, l'Arrosoir fait renaître l'agriculture vivante

Publié le ven 15/07/2022 - 09:00

Par Quentin Zinzius

Situé en plein quartier de Neudorf à Strasbourg, l’Arrosoir propose aux habitants un jardin en agriculture biologique et urbaine, et une pépinière de quartier pour se détendre et apprendre, où se mêlent cohésion sociale, agriculture urbaine, et biodiversité. Un exemple de végétalisation intégrée.

Autrefois parsemé de jardins, le village de Neudorf, a été, au début du XXe siècle, intégré à l’agglomération strasbourgeoise. De nouveaux bâtiments sont construits et ses rues sont peu à peu bétonnées, au détriment de ses anciens espaces agricoles. Devenu quartier central de Strasbourg – et le plus densément peuplé –, il retrouve depuis 2018 un bout de son esprit d’antan grâce au travail d’un collectif d’habitants. « Le gros enjeu du projet, c’était de lutter contre la bétonisation et de se réapproprier un espace de nature au cœur de cette ville », raconte Lionel Koster, habitant de Strasbourg et membre de l’Arrosoir, l’association en charge du lieu. Situé sur une parcelle en friche de 700 m² environ, au croisement des rues de Soultzmatt et Saint-Erhart, l’Arrosoir prend la forme d’un jardin en agriculture urbaine et biologique où voisins et adhérents de l’association peuvent venir découvrir le jardinage. « Il y a eu des hauts et des bas, reprend Lionel, mais le plus important est que ce projet évite toute artificialisation de terres ».

 

Produire fruits, légumes... et biodiversité !

Car, au centre de la capitale européenne, les espaces verts se font rares. Et l’ancienne friche, propriété de la mairie, aurait pu finir comme tant d’autres, en immeuble d’habitation ou places de parking. Mais l’initiative de ces habitants a convaincu les élus, qui l’ont même financée à hauteur de 75 %. Les gravats et le béton qui y trônaient ont fait place à un large jardin en agriculture biologique, où poussent artichauts, radis, fraisiers, framboisiers et autres cultures, sous l’œil attentif d’un petit groupe de riverains. « À l’origine, le collectif voulait se concentrer sur la formation et la sensibilisation à l’agriculture urbaine. Mais au vu de la demande des riverains en plants et produits frais, la vente de nos productions est entrée en considération », explique Lionel, qui fait vivre le lieu avec une petite dizaine d’autres passionnés. Une production qui est néanmoins encore insuffisante pour faire vivre le quartier : « il nous faudrait plus de mains pour cela », insiste le principal intéressé. Autre star locale, le houblon, « produit à partir d’espèces anciennes et locales, comme la Strisselspalt », reprend le jardinier, et qui sert à approvisionner plusieurs micro-brasseries locales. « La production de bière, c’est une institution à Strasbourg ! », s’amuse-t-il. Ainsi, pour la première année de production du houblon, plusieurs dizaines de litres ont pu être brassés. À cela s’ajoutent d’autres plantes, comme la primevère, la bruyère, ou encore le lamier blanc, qui offrent différentes vertus médicinales, mais également écologiques. En effet, ces plantes sont les hôtes de plusieurs espèces d’insectes, notamment de papillons, dont les populations en ville sont en déclin. « La biodiversité est une question importante, reconnaît le jardinier, et s’il faut avouer qu’elle n’a pas toujours été au centre du projet, elle y trouve aujourd’hui sa place. »

 

Reconquérir la ville

Un travail qui commence à porter ses fruits, puisque l’espace devrait encore s’agrandir avec la démolition d’une ancienne maison sur la parcelle. « C’est un gros chantier, reconnaît le strasbourgeois, mais cette bâtisse est aujourd’hui inhabitable. Bientôt, cet espace servira à recréer des liens entre habitants, et avec la nature », imagine-t-il. Des événements artistiques, concerts, mais aussi des temps de formation et de sensibilisation à la permaculture sont ainsi prévus tout au long de l’année, pour découvrir le lieu et participer à sa vie. « Au-delà du côté agriculture urbaine, il y a un énorme intérêt social à mettre en avant », insiste Lionel, « car en attirant l’intérêt des habitants, nous assurons la pérennité de ces lieux ». Une reconquête qui commence même à s’étendre au-delà de l’espace public. « On accompagne aussi les habitants qui disposent d’un espace en terre, reprend Lionel, mais qui ne parviennent pas à s’en occuper. L’idée est de transformer ces espaces en petits jardins biologiques, dispersés dans toute la ville ! »

Plus d'infos : arrosoir.wixsite.com/associationarrosoir

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