Malformations génitales : Les perturbateurs endocriniens en cause

Publié le jeu 05/11/2015 - 00:00

Une étude coordonnée par le CHU de Montpellier parue le 23 mai démontre le lien entre perturbateurs endocriniens et malformation génitale chez les garçons. Un travail qui insiste sur l’effet cumulatif des expositions domestiques, environnementales et professionnelles.

 

C’est une nouvelle preuve de la dangerosité des perturbateurs endocriniens. Une étude coordonnée par le CHU de Montpellier vient de démontrer que les mères enceintes d’un garçon ont trois fois plus de risques que leur enfant développe une malformation génitale si elles sont exposées à certains polluants (solvants, détergents, pesticides...). Les responsables de ces recherches, Nicolas Kalfa et Charles Sultan, ont observé que sur 600 enfants témoins, 300 présentaient un hypospadias, malformation de la verge.

Une étude "novatrice"

« C’est une étude novatrice ! » s’exclame François Veillerette, porteparole de Générations futures, association qui lutte contre les dangers des pesticides et co-auteur de l’ouvrage Les Perturbateurs endocriniens : la menace invisible. « La littérature scientifique internationale mettait déjà en évidence l’impact des perturbateurs sur des malformations, la fertilité, l’apparition de certains cancers ou des problèmes de développement chez les foetus. Mais là, on voit que l’accumulation des expositions professionnelles et domestiques augmentent les risques », poursuit-il.

Des professions "exposées"

L’étude met en évidence les risques encourus par les enfants de professions dites « exposées » : « Il a été montré que les professions maternelles et paternelles exposées à des perturbateurs endocriniens sont plus fréquentes chez les parents d’enfants porteurs d’hypospadias », précise le CHU de Montpellier. Parmi les activités citées figurent le nettoyage, le ménage, la coiffure, les soins esthétiques, le travail en laboratoire, les métiers agricoles... « La présence d’une usine d’incinération, d’une décharge, d’une usine chimique ou de culture intensive dans un rayon de 3 km autour du lieu d‘habitation, est plus fréquente dans le cas d’enfants hypospadias », indiquent aussi les chercheurs.

« Retirer d’urgence certains produits de la vente »

Pour François Veillerette, ces résultats doivent pousser les pouvoirs publics et la société à agir. « Nous sommes exposés à une trentaine de pesticides via les fruits et légumes que nous consommons. Parmi eux, 12 à 15 sont des perturbateurs endocriniens », commente-t-il. « Il faut mieux connaître ces substances. Il est aberrant qu’on ne teste pas les produits qui entrent sur le marché ». Le militant préconise « de retirer d’urgence certains produits de la vente. La France doit être exemplaire en la matière. Ces substances vont programmer l’état de santé de nos générations futures. »

Plus d'infos :

www.generations-futures.fr

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