[FOODWATCH] Nutri-Score : La ministre de l’Agriculture bloque en faveur des lobbies

Publié le mer 12/03/2025 - 12:20

Sans aucun complexe, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a avoué tout haut ce qu’on soupçonnait tout bas depuis un an : si le nouveau Nutri-Score n’est toujours pas en place, c’est qu’elle freine volontairement sa signature. Pour justifier le blocage de cette mesure de santé publique, la ministre reprend les arguments des lobbies du lait et de la charcuterie, alors que le logo nutritionnel indépendant fait consensus parmi scientifiques, associations, institutions et consommateur·rices. Hors de question pour Foodwatch de rester sans rien faire : la ministre de l’Agriculture doit signer l’arrêté de révision du Nutri-Score dès maintenant, et nous avons besoin de votre mobilisation pour faire monter la pression !  

Ministère de l’Agriculture ou ministère des Lobbies ?

Au Sénat, ce jeudi 6 mars 2025, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a reconnu ce que l’on suspectait depuis un an : le nouveau Nutri-Score, censé être en place depuis janvier 2024, est bloqué à la signature sur son bureau. Son bureau, ou le bureau des lobbies ?

Dans sa déclaration au Palais du Luxembourg, la ministre de l’Agriculture ignore complètement la science et la santé et déroule le tapis rouge aux arguments des lobbies laitiers et de la charcuterie, justifiant ainsi de bloquer le Nutri-Score, dont l’algorithme a été renforcé en 2022 et 2023 par un comité indépendant d’expert·es. En clair, la ministre, qui répondait à la question d’un sénateur sur le mauvais classement du roquefort (noté E), acte qu’ elle ne veut pas signer en l’état l’arrêté de mise à jour du Nutri-Score.  

Dans sa prise de parole, la ministre reprend les arguments des lobbies, décrédibilise et critique le nouveau Nutri-Score en enchaînant imprécisions, confusions et même fake news

Faux pas n°1 : reprendre les arguments des lobbies

Elle s’appuie sur un argument fréquemment mis en avant par les lobbies depuis des années : un lien systématique (mais inexistant) entre la « qualité gastronomique ou patrimoniale » et « la qualité nutritionnelle » de certains aliments. Or, les sigles AOP ou IGP, gages de qualité et de régionalité d’un produit, n’ont rien à voir avec leur composition nutritionnelle. Si un produit, qu’il soit régional ou non, obtient un score orange ou rouge, cela signifie que sa teneur en mauvais gras, en sucre ou en sel est importante : le Nutri-Score ne vise pas à proscrire tel ou tel aliment mais simplement à indiquer qu’il est à consommer avec modération.  

Faux pas n°2 : décrédibiliser le Nutri-Score, la science et la santé publique

Pire, la ministre affiche sa déception à propos du Nouveau Nutri-Score. On le rappelle, celui-ci a été renforcé par des chercheur·ses européen·nes indépendant·es et validé par la gouvernance européenne des 7 pays qui ont adopté le Nutri-Score, dont la France représentée par le ministère de la Santé. Bref, elle fustige un outil de santé publique basé sur la science. Pourquoi ? Pour défendre les lobbies : « On voit bien que le Nutri-Score pose un certain nombre de problèmes à des filières qui sont d’une très grande qualité » clame-t-elle. Foodwatch avait déjà déconstruit ces discours en montrant que derrière ces filières de qualité se cachent en réalité des géants du lait comme Lactalis ou Danone prêts à tout pour protéger leurs produits laitiers ultra-transformés. 

Faux pas n° 3 : critiquer le calcul du Nutri-Score

Comme s’il était nécessaire de jeter davantage d’huile sur le feu, la Ministre affirme que « les choses se sont aggravées » avec la révision du Nutri-Score, critiquant la classification du lait comme une boisson et non plus comme un aliment. Cela nous rappelle un peu trop les arguments avancés par Danone à l’automne, qui, mécontent des changements apportés à l’algorithme du Nutri-Score, l’a abandonné sur certaines de ses marques.  

Le texte qui entérine le nouvel algorithme du Nutri-Score est  prêt à être signé depuis plus d’un an. La Commission européenne a donné son feu vert à la France en avril 2024. Les autres pays européens ont déjà mis la version actualisée du logo en place. Bref, le retard ne semble pouvoir s’expliquer que par les pressions des lobbies, notamment des produits laitiers, mécontents des nouvelles notes attribuées à leurs produits.  

Pour Foodwatch, c’est inadmissible et avec votre aide, on compte bien faire bouger le gouvernement !  

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