« À l’école, faire naître la conviction que l’on peut réinventer le monde »

Publié le lun 05/10/2020 - 12:19

Propos recueillis par Élodie Crézé

Olivier Ciais, instituteur, est président de l’association Shilakong*,  initiatrice du projet Écoles en Transition à Nice, directement inspiré de la philosophie de Rob Hopkins. Il estime que les enfants doivent plus que jamais œuvrer à la transition, à l’échelle de leur école.

 

Quel est l’enjeu de ce projet, en quoi est-il complémentaire de l’école publique ?
L’école en Transition, projet qui a aujourd’hui 2 ans, est l’idée d’accompagner la transformation de l’école publique. C’est un appel à faire des écoles des lieux démonstratifs de la transition, mais aussi une incitation à basculer dans la pédagogie de projet. Ainsi les projets de transformation du bâti (ex : projet de végétalisation de l’école Pagnol de Nice, dans le quartier populaire de l’Ariane), deviennent l’occasion d’appliquer les matières classiques (maths, français, sciences, etc.) afin d’en saisir l’utilité au quotidien. Mais aussi de lier cette pédagogie de projet à des savoir-faire de régénération et d’adaptation des écosystèmes, à de vraies compétences de résilience et de permaculture.

L’idée est d’impliquer totalement les enfants dans la transition ?
Oui, il nous paraissait important de le faire dès l’école primaire. Les enfants sont suffisamment au fait de l’actualité – surtout en CM1/CM2 - pour connaître les enjeux environnementaux. L’idée est de laisser s’exprimer leur capacité de rebond, tel l’adage en permaculture qui dit que « le problème est la solution », c’est-à-dire les amener à découvrir des solutions par eux-mêmes. Ce cheminement est essentiel, au risque, sinon, de porter cet état dramatique du monde sur les épaules ! Si les enfants découvrent, ne serait-ce qu’à l’échelle de leur école, des solutions pour devenir plus sobres, pour régénérer, abriter la biodiversité, s’adapter ; alors on fait naître la conviction  - et l’envie ! – qu’il est possible de réinventer le monde et le régénérer.

La transition est donc une affaire d’éducation citoyenne ?
Absolument. J’explique à mes élèves que notre monde de surconsommation basé sur les énergies fossiles est en voie d’extinction, et qu’il y a un monde nouveau qui arrive. Le passage de l’un à l’autre est la transition. En tant que porteurs du projet nous devons en être des facilitateurs. Nous sommes là pour proposer la réinvention de l’école avec les enfants, les parents-d’élèves, le personnel de mairie, les associations. À cette fin, et pour faire émerger la vision d’une école telle qu’on aimerait la voir dans un avenir proche, nous organisons des ateliers d’intelligence collective, utilisons des instruments de sociocratie, une introduction à la permaculture. Il s’agit vraiment de faire vivre une expérience concrète de transition à la Rob Hopkins.

+ d’infos : www.shilakong.org

*Shilakong est une association d'éducation à l'environnement visant à faciliter, notamment grâce à la permaculture, les transitions individuelles et collectives vers des modes de vie éthiques et durables.

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