Victor-Hugo Espinosa, Ecoforum : « Nous demandons une cartographie de l'habitat insalubre »

Publié le jeu 15/11/2018 - 11:02

Victor-Hugo Espinosa est ingénieur, expert en risques majeurs. Il anime Ecoforum, collectif marseillais dédié à l'environnement, à la solidarité et au cadre de vie. L'association plaide pour la création d'une cartographie transparente de l'habitat insalubre dans la cité phocéenne.

Suite à l'effondrement des immeubles, rue d'Aubagne, le 5 novembre dernier, Ecoforum a organisé une conférence, le lundi suivant. Pour quelles raisons ?

Il s'agissait d’abord d'être solidaire avec les victimes et leurs familles. Je suis intervenu en tant qu'expert sur la prévention des risques. L'architecte, ex-président du conseil de l'Ordre des architectes de Paca, Marc Jolivet et le géologue du CNRS Michel Villeneuve sont respectivement intervenus sur les question liées à l'état des bâtiments et à la nature des sols. L'objectif était de formuler des propositions pour éviter que le pire ne se reproduise.

 

Quelles sont ces propositions ?

Nous avons d'abord proposé la création d'ambassadeurs des risques. Ce type de fonction existe déjà dans le cadre des risques d’inondations. Des personnes sont missionnées par les municipalités pour indiquer aux habitants comment se mettre en sécurité.

Les fonctions de ces ambassadeurs pourraient être complétées. Ils pourraient aussi être dédiés aux risques liés à la dégradation de l'habitat. Ils pourraient par exemple se rendre dans des squats ou des des immeubles délabrés. Et informer les personnes sur l'état réel de leur habitation, leur dire quels sont les signes avant coureur qui indiquent qu'elles devraient quitter l'immeuble... Il faut développer une culture du risque partout. Il ne s'agit pas de faire peur au gens, mais de développer un sens du risque.

 

Vous plaidez aussi pour une cartographie détaillée des points noirs de l'habitat...

Oui. Nous demandons aux pouvoirs publics que soit réalisée une cartographie de la ville, dans laquelle seraient représentés les secteurs et immeubles qui posent problème. Ce document devra être transparent et accessible à tous les citoyens. Il pourrait comporter une sorte d'échelle de la dégradation allant de l'habitat en bon état, jusqu'à celui qu'il faut démolir, en passant pas celui sur lequel il faut faire des travaux.

Cette cartographie pourrait être réalisée par des experts. Mais citoyens et associations pourraient être partie-prenante de sa conception. Il faut également expliquer au gens comment repérer des éléments de dégradations : fissures, portes qui ne ferment pas... Marc Jolivet préconise de faire un état des lieux, îlot par îlot. Par ailleurs, il faut bien saisir qu'elle est la nature des sols avant de construire un immeuble. Michel Villeneuve estime qu'il faut entamer un travail afin de mieux connaître la géologie marseillaise.

Nous rappelons par ailleurs que la non-assistance à personne en danger relève du droit pénal. Nous demandons à ce que soit mieux définie la responsabilité, entre celle des pouvoirs public, des syndic, des marchands de sommeil. Il faut sortir de cette approche où tout les monde est responsable mais où, au final, personne n'est coupable !

 

 

 

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