Menée d'octobre 2021 à septembre 2022 par Santé Publique France et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) pour son volet "prélèvements sur le terrain", la grande étude nationale PestiRiv* vise à évaluer si les riverains de zones viticoles sont plus exposés aux pesticides (insecticides, fongicides, herbicides) que les personnes vivant éloignées de toute culture.
Cette étude (3 350 participants, adultes et enfants) représente une première en prenant en compte :
- différentes sources d’exposition (air, alimentation, activité professionnelle et usages domestiques...)
- des échantillons collectés par le biais de sources diversifiées (air ambiant, air intérieur, poussières, urines, cheveux, aliments autoproduits)
- un maillage territorial étendu : 6 régions viticoles couvertes, via 23 sites étudiés pour les mesures de l'air ambiant, dont la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
👉 En tant qu’Association agréée de surveillance de la qualité de l’air (AASQA) membre de la fédération Atmo France et partenaire de l’étude, AtmoSud a mesuré les pesticides dans l’air sur 4 zones implantées dans trois départements de la région Sud :
- Site viticole à La Croix Valmer (Var)
- Site viticole à Gigondas (Vaucluse)
- Site viticole à Cassis (Bouches-du-Rhône)
- Site de référence éloigné de toute culture à Port Saint-Louis du Rhône (Bouches-du-Rhône)
Les deux premiers sites d’études s’inscrivent en viticulture conventionnelle, quand le site de Cassis est situé sur un territoire majoritairement répertorié en culture biologique.
Les observations en région Sud
Sur les 39 substances recherchées dans l’air ambiant au niveau national, les pesticides retrouvés sur les 4 sites de la région sud sont majoritairement des fongicides (24 recensés soit 61,5% au total ) en période de traitement comme de non traitement.
À titre de comparaison, au niveau national, les résultats sont proches de ceux observés en région Sud. En période de traitement, on dénombre 22 fongicides sur les 33 substances retrouvées en zones viticoles (soit 66,7 %) et 16 fongicides sur 24 en zones non viticoles (soit 66,7 %). Hors période de traitement, 5 fongicides parmi les 12 substances détectées ont été retrouvés (soit 41,6 %).
|
|
|
---|
|
- Sur les sites conventionnels en période de traitement
→ Au global, environ 1/3 des 39 substances recherchées (soit 13 pesticides) ne sont JAMAIS détectées sur les 3 sites en culture conventionnelle. Sur le site situé sur le territoire dominé par la culture biologique, le nombre atteint 32 pesticides jamais détectés dans l’air.
→ 1/3 des pesticides recherchés ont TOUJOURS été détectés sur l’ensemble des sites conventionnels dans les prélèvements effectués par AtmoSud, soit un total de 13 pesticides retrouvés
→ 1/3 des pesticides sont PARFOIS détectés, en fonction du site étudié
Les principales substances retrouvées
- les composés de cuivre
- le soufre
Le cuivre et le soufre, substances minérales que l'on retrouve notamment dans la bouillie bordelaise (pesticide) et autorisées de manière controversée en culture biologique, sont présents dans tous les prélèvements (contamination de fond observée au niveau national).
- le glyphosate (herbicide)
- le fosetyl aluminium (fongicide)
- le folpel (fongicide le plus connu pour lutter contre le mildiou)
- le cymoxanil (fongicide)
→ La fréquence d’apparition de ces substances pesticides dans l’air est élevée (détectée dans plus de +50% des échantillons)
|
|
|
---|
|
- A l'échelle nationale, le folpel est plus souvent détecté en région Sud lors des périodes de traitement. A l'inverse, la région se distincte par une faible détection d'autres pesticides, comme le cyprodinil (fongicide).
- Un pesticide officiellement interdit d'usage, le chlorpyriphos methyl (insecticide) a également été détecté dans l'air sur les 2 sites en viticulture conventionnelle et sur le site éloigné de toute culture (dans 4 à 17% des prélèvements)
|
|
|
|
---|
|
- Hors période de traitement
→ Un seul site observé (La Croix Valmer -83-)
6 substances sont identifiées : les composés du cuivre, le soufre, le folpel, le glyphosate, le fosétyl aluminium et la pendiméthaline. Leur fréquence de détection est faible (< 30 %, excepté pour les substances minérales (cuivre et soufre) en lien avec la contamination de fond).
|
|
|
---|
|
- Si la fréquence d’apparition et les concentrations de ces substances sont globalement plus faibles qu’au niveau national, la région Sud mesure les concentrations maximales pour le soufre et le folpel en période de non traitement.
|
|
|
|
---|
|
- Spécificités du site viticole situé en territoire à dominance biologique
- un faible nombre de substances pesticides détectées (3 contre 13 à 22 en période de traitement sur les sites viticoles en culture conventionnelle)
- aucun insecticide et aucun herbicide détecté
- 3 fongicides détectés (tébuconazole, difénoconazole et le folpel, détecté de façon significative pour être quantifié). Ces pesticides peuvent aussi provenir d’autres sources d’exposition (culture arboricole, usage domestique mitoyen…)
|
|
|
---|
|
- Comparaison sites viticoles et site éloigné des cultures
En période de traitement, en zone éloignée de toute culture :
→ 11 substances pesticides ressortent
En période de traitement, en zone viticole (hors site bio)
→ entre 13 et 22
A noter que plusieurs pesticides sont communs aux cultures viticoles et au site éloigné des cultures, à l'image du folpel ou du fluopyram.
|
|
|
---|
|
- Situation régionale par rapport au national
- Par rapport au national, on retrouve moins de pesticides dans l'air en région Sud (entre 13 et 20 vs 24). En revanche, AtmoSud a mesuré des concentrations plus élevées de pesticides par pics dans l'atmosphère lors des périodes de traitement. Conclusion : le recours aux pesticides semble moindre en région Sud que sur l'ensemble du territoire national, mais ponctuellement plus intense.
A noter que l'usage et les concentrations sont très dépendants des conditions météorologiques, qui peuvent varier d'une année à l'autre.
- Peu retrouvé à l'échelle nationale, le lambda cyhalothrine a été détecté dans 21% des prélèvements sur le site de Gigondas dans le Vaucluse. Un insecticide que mesure régulièrement AtmoSud sur son site d'observation des pesticides des Vignères, près de Cavaillon. Ce qui laisse supposer que ce pesticide est plus commun aux usages agricoles dans le département.
|
|
|
---|
|
- Conclusions
A l’image des résultats obtenus à l’échelle nationale, les observations menées par AtmoSud sur les 4 sites de Provence-Alpes-Côtes-d’Azur confirment une exposition plus importante aux pesticides des personnes qui vivent à proximité de zones viticoles, particulièrement en période de traitement. Cette exposition peut également provenir d’autres sources que les traitements phytosanitaires agricoles propres aux vignes, par transfert de substances. Le faible nombre de pesticides détectés sur le site viticole implanté sur le territoire majoritairement répertorié en culture biologique démontre que ce type de culture réduit significativement l'exposition aux pesticides en comparaison à la culture conventionnelle, y compris en période de non traitement.
|
|
|
|
---|
|
*Publication des résultats en 3 Tomes : Tome 0 : matériel, méthode et bilan de collecte ; Tome 1 : les contaminations environnementales : air ambiant, air intérieur, poussières, aliments autoproduits) ; Tome 2 : les résultats de l'imprégnation biologique.