Sébastien Paule, Mouves Occitanie : « l'enjeu d'une entreprise sociale, c'est son capital »

Publié le mar 04/10/2016 - 19:18

Le Mouvement des entrepreneurs sociaux (Mouves) organise son deuxième « Tour du financement » à Montpellier, au pôle Réalis, le 13 octobre prochain. Rencontre avec Sébastien Paule, représentant du Mouves en Occitanie.

 

Qu'est-ce que le Mouvement des entrepreneurs sociaux (Mouves) Occitanie ?

Le Mouves en Occitanie c'est la branche régionale du Mouves, réseaux national des entrepreneurs sociaux. Nous rassemblons plus de cent adhérents dans la région, pour la plupart des dirigeants d'entreprises sociales. Nous proposons deux types d'actions. Certaines sont tournées vers l'extérieur. Elles sont destinées à montrer la diversité de l'entrepreneuriat social et son rôle dans la société. Des actions sont davantage tournées vers nos membres et leurs besoins. Il s'agit principalement d'ateliers et de rencontres professionnelles. Chaque trimestre, nous organisons des dîners du réseau auxquels nous invitons des personnes issues d'autres collectifs d'entreprises. Les questions abordées sont diverses : comment lever des fonds ? Comment trouver un nom pour un nouveau produit ? Comment toucher son public ? Il s'agit d'accompagner les membres dans leurs pratiques. Nous favorisons le conseil de pair à pair.

Qu'est-ce qu'un entrepreneur « social » ?

C'est un entrepreneur dont les activités répondent à des besoins d'intérêt général. Tout en essayant de trouver un équilibre entre cet intérêt général et l'efficacité économique. Des indicateurs concrets définissent l'entrepreneuriat social. Comme la manière d'associer ses collaborateurs à la prise de décision. Etre entrepreneur social, c’est faire le choix de la lucrativité limitée. Ce qui va se retrouver dans un encadrement des salaires, dans la redistribution des bénéfices en proposant des parts aux salariés et/ou en réinjectant une grande partie de l'argent dans les réserves de la société ou dans des actions d'intérêt collectif (diversification, essaimage, création d’emploi, maximisation de son impact social…). En somme, cette lucrativité limitée garantit la poursuite de l’utilité sociale et environnementale du projet et la redistribution équitable de ses bénéfices. Elle exige néanmoins une certaine performance économique pour assurer cette mission. 

Le Tour du financement participatif, qui aura lieu le 13 octobre prochain, s'inscrit dans cette dynamique. En quoi va consister cette journée ?

La première édition du Tour a eu lieu l'année dernière à Toulouse. Cette année, elle se déroule logiquement à Montpellier, au Pôle Réalis. Le principe : faire se rencontrer des entrepreneurs qui ont des besoins particuliers et des structures de financement. Le tout en essayant de casser le côté « rencontre individuelle » conventionnel. Nous souhaitons allier conseil et rencontre directe avec des financeurs, dans un climat bienveillant et décontracté. Il y a des projets formidables en région qui sont malheureusement loin des radars des financeurs. Notre ambition est de les détecter et les rassembler autour de et avec nos partenaires et les réseaux de l’économie sociale et solidaire, mais aussi les structures de l’accompagnement. 

Qui seront les invités ?

Il y en a deux types. D'abord, des entrepreneurs et des directeurs administratifs et financiers qui ont des projets concrets. Il s'agit de personnes qui sont confrontées à des problématiques précises de trésorerie, d'amorçage ou d'investissement. Le but est d 'apporter des réponses à leurs interrogations. Réponses données par des experts du financement, qui constituent le second profil d'invités. Des structures et des organismes comme France Active, le Fond structurel européen ou des plateformes de crowdfunding comme Wiseed ou Ulule seront présents. Des partenaires institutionnels, comme la région Occitanie, seront également là pour présenter leurs dispositifs de financement. La palette d’acteurs du financement à impact social s’étend aux fonds publics à l’investissement solidaire, en passant par les structures du financement participatif et le financement bancaire.

Pour les entrepreneurs, ces rencontres qui se situent entre le « in » et le « off », permettent de jauger la solidité des projets. C'est un peu un crash-test pour évaluer à quels types de financements ils sont éligibles ou si les montants souhaités sont réalistes. En somme, c'est un moyen d'aider les personnes à affiner leurs demandes.

Quelles réponses peut offrir le financement participatif aux entreprises et aux porteurs de projets de l'économie sociale et solidaire ?

Il faut d'abord souligner qu'il existe beaucoup de formes de financement participatif. Des organismes proposent à des particuliers de prêter de l'argent pour financer un projet. D'autres permettent de rentrer au capital d'une entreprise. D'autres (Ulule, KissKiss BankBank...) s'apparentent plus à du don ou à de l'achat-don.

Le recours à ce type de financement évite mécaniquement des phénomènes de dépendance pour les entreprises. L'enjeu d'une entreprise sociale, c'est son capital. Car il faut bien payer les gens et investir. Or le recours au prêt bancaire peut être difficile. D'autant plus pour les entreprises sociales qui, justement, ont souvent peu de capital. Et les personnes qui portent ces projets n'ont pas forcément des objectifs capitalistiques. Pour disposer de capitaux, il faut donc trouver diverses sources de financements, à la fois publics et privés. Mais aussi trouver le moyen de mettre à contribution nos communautés. Le crowdfunding est l'illustration de cette dynamique.

Plus d'infos :

Sur le compte facebook du Mouves en Occitanie  

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