[INTERVIEW] Constance Garnier et Matthieu Dupont de Dinechin « Certains labs font de la low tech un axe central »

Publié le ven 08/10/2021 - 12:00

Propos recueillis par Catherine Stern

Constance Garnier (1) est chargée de développement du Réseau français des Fablabs. Matthieu Dupont de Dinechin (2) est co-référent de son groupe de travail Ecologie. Tous deux nous parlent de la place de la basse technologie (low tech) et du recyclage dans les fablabs.

 

Que représentent les fablabs en France ?

250 structures en France sont inscrites sur la liste officielle gérée par la Fab Foundation (3), mais on estime à 450 les espaces du Faire et de fabrication numérique ouverts. Un fablab peut être une association, une coopérative, une brique d’une organisation plus grande (MJC, centre social, tiers-lieu…), une entreprise ou un laboratoire rattaché à une université. Les axes communs sont l’innovation, l’éducation-formation et l’inclusion sociale, présents en proportion différentes. Les fablabs sont connectés entre eux mais ont un ancrage local, se moulant aux besoins de leur territoire.

Quelle est la part de la basse technologie dans cet ensemble ?

Certains labs font de la low tech un axe central, une identité. Mais dans chacun d’entre eux, la low tech est présente car ce sont avant tout des espaces de fabrication et de bricolage avec des outillages manuels, auxquels s’ajoutent des outils de fabrication numérique. L’image d’espaces 100% technologiques est un peu fausse car bien souvent ce qui sous-tend ces lieux est une logique de frugalité qui s’accorde très bien avec la low tech.

Quelle est la place du recyclage et de la réutilisation des matériaux dans les fablabs ?

C’est un sujet compliqué sur lequel la réflexion est en cours depuis plusieurs années. Beaucoup de fablabs récupèrent des outillages et leur donnent une seconde vie. Ils permettent aussi de réparer du matériel pour lequel les pièces détachées ne se font pas ou plus. Mais il y a une vraie dissonance cognitive entre d’un côté une philosophie de production localisée et personnalisée, en opposition à la production de masse standardisée, et d’un autre côté la production de déchets.

Ces dernières années, beaucoup d’énergie a été déployée pour expérimenter des moyens de recyclage et de réemploi de ces matériaux avec des ateliers dédiés, des initiatives comme Precious plastic. Ce serait mentir de dire que 100% des déchets produits dans les labs entrent dans un cycle de recyclage, mais c’est un point d’attention très fort des fablabs et du Groupe de Travail Ecologie du RFFlabs. Un guide de bonnes pratiques sera diffusé en octobre à l’occasion de notre événement national October Make (4). Il y aussi des pratiques d’économie circulaire en partenariat avec des recycleries et même à l’échelle de villes ou de bassins industriels pour en récupérer les déchets et les réutiliser.

Plus d'infos

 

(1) Chargée de développement et active dans le RFFLabs depuis 2016, elle a soutenu en 2020 une thèse sur la gouvernance collaborative dans les réseaux en croissance, en étudiant le réseau international des fablabs.

(2) Matthieu Dupont de Dinechin architecte et ingénieur spécialisé en construction écologique, président du Fablab Chantier Libre et fabmanager du Fablab de l’Ecocentre de Varennes/Allier.

(3) fabfoundation.org

(4) October Make, du 18 au 24 octobre, au Roselab de Toulouse.

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