[REPORTAGE] A Montier-en-Der, l’art et l’écologie sont à l’honneur

Publié le jeu 09/12/2021 - 10:23
© Lou Vandaële

Par Quentin Zinzius

Rendez-vous incontournable pour la photographie animalière en France, le festival de Montier-en-Der a retrouvé son public et ses artistes à l’occasion de sa 22ème édition. Retour sur un évènement haut en couleurs, et en valeurs.

L’évènement était très attendu. Après le report de sa précédente édition – Covid oblige –, le festival international de photographie animalière de Montier-en-Der a fait son grand retour autour du lac du Der. Du jeudi 18 au dimanche 21 novembre, plusieurs dizaines de milliers de visiteurs se sont rués sur la petite commune de Haute-Marne pour célébrer la nature et ses habitants. Au programme : des expositions bien-sûr, mais également des conférences, projections de films, des activités en plein air et autres sorties naturalistes.

Escapade aviaire

Première escale au bord du Lac du Der pour observer « le levé des grues ». Il est 7h au bord du gigantesque plan d’eau, et malgré le mercure peu élevé de cette fin d’automne, plusieurs dizaines de photographes et amoureux de la nature sont déjà à l’affût. Sous les bonnets, écharpes et capuches, les yeux rivés vers le ciel et les doigts gelant sur les appareils photo, tous attendent le levé du soleil, annonçant le réveil et envol des grues cendrées. Ces grands oiseaux gagnent le sud de l’Europe avec l’arrivée de l’hiver pour continuer de s’alimenter, en attendant le retour des températures plus clémentes. « Au plus gros de de la migration, on compte jusqu’à 100 000 grues sur une même journée », raconte un agent de l’OFB, sur place pour assurer la sensibilisation du public. Une migration qui coïncide parfaitement avec le festival, et dont les photographes sont particulièrement friands.

Grandeur nature

Après l’effort, le réconfort : une fois à Montier-en-Der, les sens se réveillent. Sous les yeux des spectateurs, près de 2000 images – sur les quelque 20 000 reçues – sont exposées et dévoilent l’intimité d’animaux sauvages pour la plupart inaccessibles au commun des mortels : du requin baleine aux minuscules invertébrés des fonds marins, en passant par les bisons américains et autres rapaces du Grand Nord. Parmi les grands noms de cette édition, on retrouve notamment Kyriakos Kaziras, célèbre photographe franco-grec, venu présenté sa dernière exposition : Arktos. Des images en noir et blanc au plus proche des ours polaires, où l’animal apparaît sous une étonnante fragilité.

Arktos - Kyriakos Kaziras. © Lou Vandaële

Sur un autre site du festival, ce sont les empuses, des petits insectes de la famille des mantes, qui ont la vedette. Une exposition proposée par le jeune photographe Thibaut Andrieux, dans un univers tout particulier. Utilisant notamment une technique de « double exposition » – qui consiste à superposer deux images dès la prise de vue – le photographe emprisonne ces créatures dans un flou artistique et onirique. Une technique mettant parfaitement en lumière l’allure extra-terrestre de ces minuscules insectes. « C’est un peu une obsession, avoue le photographe, je n’aime pas voir les tiges couper mon image. Alors, je les dissimule autant que possible ». Une obsession qui intrigue, et fascine beaucoup de visiteur·ses. « On m’a beaucoup demandé si je proposais des stages photo, pour montrer mes techniques. Je pense que c’est la prochaine étape dans mon activité ! », s’enthousiasme-t-il.

Thibault Andrieux. © Lou Vandaële

Les empuses de Thibault Andrieux. © Lou Vandaële

Festival engagé

Mais plus que jamais, Montier-en-Der se distingue dans le paysage des festivals de photographie animalière pour son fort engagement écologique. Outre l’éducation à l’environnement, avec des activités à destination de quelque 3500 scolaires organisées depuis de nombreuses années, le festival a porté cette année près de 50 heures de conférences. Biodiversité et condition animale, urgence climatique, ré-ensauvagement, et même conseils aux candidats à la présidentielle… Autant de thématiques abordées et débattues avec les invités et le public, avec un seul objectif en tête : sensibiliser au respect de ce monde et du Vivant. Car à Montier-en-Der, que l’on soit photographe, bénévole, ou simple visiteur, le « spectacle » reste le même : la Nature va mal, et il faut la protéger.

En attendant la prochaine édition du festival, qui se tiendra du 17 au 20 novembre 2022, retrouvez l’intégralité du palmarès 2021 sur le site internet du festival.

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