Immersion dans les Nuits debouts d'Avignon et d'Uzès

Publié le mer 11/05/2016 - 11:49

Mouvement citoyen, Nuit Debout est présent sur tous les territoires français. Depuis le 31 mars, des assemblées se forment, discutent et échangent sur les places publiques. Étudiants, syndicalistes, travailleurs, tous défendent « l’humain ». Nuit Debout ça n'est pas que les rassemblements de la place de la République à Paris. Dès ses débuts, le mouvement a aussi gagné les moyennes et petites villes de province et, bien sûr, de Provence. Sans Transition s'est rendu à Avignon et Uzès pour voir comment le débat s'y organise.

Mercredi 4 mai, 18h30. Entre deux terrasses occupées par des touristes, une vingtaine de personnes sont réunies place aux herbes, à Uzès dans le Gard. Autour d’affiches et de slogans, elles forment un cercle, debout. Voici le décor local de Nuit Debout, dans cette petite ville de quelques 8 500 habitants. L'ambiance est similaire, à Avignon, le samedi 7 mai, sur la  place du Palais des Papes. Un micro, un stand de cuisine gratuit et un espace de partage d’objets sont installés. Une quarantaine de personnes est présente. Une petite fille déambule parmi les gens assis à terre. Elle récolte de l’argent, afin de soutenir la grève de l’entreprise XPO-logistics Monteux.

 Un mouvement citoyen ?

Un volontaire prend la parole, afin de redonner les règles de Nuit Debout. A Uzès et Avignon, elle sont semblables. Il n’y a aucun leader proclamé. Le mouvement se veut « citoyen et démocratique ». Ainsi, tout le monde est invité à participer et à s’exprimer. Une personne de l’assemblée prend des notes, tandis qu’une autre veille au respect du temps de parole, attribué à ceux qui la demandent. Tous se présentent et partagent leurs idées et points de vue à tour de rôle. Place aux herbes, Jonathan explique : “avec ces règles, on essaie d’encadrer un peu le débat, même si on laisse la parole la plus libre possible”. Les autres écoutent, approuvent ou non par le biais de gestes silencieux. Les décisions doivent être acceptées et votées par deux tiers de l’assemblée, au minimum. Par exemple, partout en France, Nuit Debout lance un projet de réécriture de la Constitution. Avignon doit-elle y participer ? La décision est validée aux deux tiers.

Des personnes d’horizons distincts

Dans ces assemblées de rue, les personnes viennent d’horizons différents : des jeunes, des étudiants, des travailleurs, des personnes âgées, des syndicalistes, des représentants du monde associatif. A Uzès, Jonathan est intermittent du spectacle. Il se présente comme militant et écologiste : ”Nuit Debout est un réel partage de connaissances.” Malochante, 89 ans,  vient quelques fois : “je me suis toujours battue pour qu’il y ait moins d’inégalités. Nuit Debout est un peu la continuité de ce que j’ai toujours fait”.  La Nuit debout de Cité des Papes rassemble également des individus bien différents. Bruno parle au micro devant l’assemblée : “ce soir, je ne suis pas syndicaliste, je suis Bruno. Si je suis là, c’est parce qu’il est important que nos luttes convergent”.

Un combat difficile

“Les gens en ont marre, ils veulent changer la société française”, affirme Julie, étudiante, à Uzès. “J’ai de l’espoir, mais je ne peux pas garantir que Nuit Debout va changer quelque chose.” Tout au long des soirées, certains intervenants proposent des débats, des questions et des actions. La loi El Kohmri, les brutalités policières sur les manifestants, les violences sociales, la crise des migrants, le rassemblement du 18 mai sont abordés. Quelques-uns livrent un témoignage. Farida, apolitique, explique : “il faut donner le pouvoir au peuple qui va avancer vers ce qu’il y a de mieux pour lui,” comme dans une démocratie. Cependant, l’incertitude persiste sur le nombre d’individus qui vont continuer le mouvement. D’autres questionnements apparaissent au sein de ces deux villes. Où Nuit Debout doit-elle prendre place ? Comment atteindre d’autres personnes ? Comment être vu et entendu par les autres ? Comment financer les actions ? Attribuer une fonction à une personne de l’assemblée au risque de la distinguer des autres ? En Provence comme ailleurs, l'avenir de Nuit debout est suspendu à de multiples interrogations...

 

Et ailleurs ?

Toulouse : Samedi 7 mai était organisée une rencontre de plusieurs Nuit Debout en Occitanie. L’isle Jourdain, Auch, Albi, Gaillac, Figeac, Cahors, Carcassonne, Perpignan, Foix, Pamiers, Cazères, Villemur, Villefranche se sont ainsi réunis pour échanger et créer une “société plus juste”.

Montpellier : Depuis quinze jours, Nuit Debout a installé une ZAD (zone d’activité démocratique), au cœur du parc de Las Rébès. Cet espace vert est menacé par la construction de HLM. Étudiants, stagiaires et travailleurs ont répondu à l’appel à l’aide des habitants en lutte. Ils sont une trentaine à dormir sur place chaque soir, sous des tentes.


Plus d’infos :

www.facebook.com/nuit.debout.uzes/

www.facebook.com/nuitdeboutavignon/

www.wiki.nuitdebout.fr/wiki/Villes/Avignon

www.wiki.nuitdebout.fr/wiki/Villes/Uz%C3%A8s

 

 

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