Sur l'île de Groix des apiculteurs amateurs se battent pour protéger la biodiversité

Publié le lun 29/08/2016 - 14:07

Des conditions météorologiques défavorables ont affecté la récolte de miel 2016, deux fois moins importante qu'en 2015. Il existe pourtant des abeilles adaptées à un climat plus rigoureux : les abeilles noires. Cette espèce en danger est protégée par différents conservatoires de l’abeille noire grâce à des apiculteurs passionnés. Trois questions à Christian Bargain, apiculteur amateur sur l’île de Groix. Retrouvez aussi notre reportage « L'abeille noire d'Ouessant, un patrimoine à protéger » dans le numéro 1 de Sans Transition !

Dans quel contexte le conservatoire de l'abeille noire de Groix a-t-il été créé?

En 2008 des analyses ADN montrent que 100% des abeilles de l’île de Groix sont des abeilles noires avec une importante diversité génétique ! Ces abeilles sont plus velues et résistent mieux au froid et au vent. Nous avons alors décidé de nous regrouper au sein d’un conservatoire pour protéger cette biodiversité. Nous avons créé l’Association pour la sauvegarde de l’abeille noire de l’île de Groix ( ASAN.GX). Nous sommes tous des amateurs, c’est-à-dire des apiculteurs non professionnels. L'apiculture est traditionnellement une activité féminine sur l'île de Groix, puisque les hommes pêchaient. Aujourd’hui il y a 27 apiculteurs sur l’île ! Dont 13 qui font parti de l’association. Pour protéger cette biodiversité nous intervenons le moins possible sur les ruches : nous ne nourrissons, ne soignons ni ne sélectionnons les abeilles. Nous les laissons évoluer naturellement.

Quels sont les outils juridiques qui vous aident dans cette démarche?

En 2008 nous avons obtenu la création un arrêté municipal pour la protection génétique de l’abeille noire. Il y a interdiction d’importer des abeilles ou du matériel usagé. Nous avons la chance que les abeilles n’aient pas certaines maladies présentes sur le continent comme la loque américaine et nous allons tout faire pour continuer à nous en protéger. Le problème c’est que cet arrêté a une faible valeur dissuasive, seulement 40 euros d’amende, et qu’il est impossible de contrôler les entrées. Nous cherchons à obtenir la reconnaissance par l’État des conservatoires naturels mais ce dernier ne s’intéresse pas à cette problématique.  Le problème des conservatoires ce ne sont pas les abeilles, ce sont les hommes !

Comment votre association agit-elle pour faire connaître cette espèce unique ?

Nous aimerions que se développe l'usage professionnel de l’abeille noire en dehors des conservatoires. Nous faisons un travail de sensibilisation. Nous avons une ruche pédagogique depuis 2009 à proximité du phare de Pen-Men.  Nous avons aussi mis en place une exposition de 16 panneaux dans la gare de Lorient. En août a lieu un stage de trois jours « un petit pas vers l’apiculture » ainsi que des conférences pendant les journées du patrimoine car nous estimons que l’abeille noire fait partie du patrimoine européen.


 

 

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