« Les combats de Vandana Shiva sont une boussole pour l'action publique ! »

Publié le ven 23/02/2018 - 16:47

À l'occasion de la conférence de l'écologiste Vandana Shiva – qui a réuni près de 700 personnes hier à l'université de Montpellier –, à l'invitation de notre magazine, et grâce au concours du Salon de l'écologie, entretien avec Agnès Langevine, 3e vice-présidente de la région Occitanie chargée de la Transition écologique et énergétique, de la biodiversité, de l'économie circulaire et des déchets.

En tant que partenaire de cette soirée, vous étiez hier avec nous pour accueillir Vandana Shiva à Montpellier, en quoi ses propos, ses combats pour une alimentation saine par exemple, vous inspirent-ils ?

Ses combats sont une boussole pour l'action publique. En tant que collectivité, il nous faut prendre notre part pour la Transition écologique, en fonction du contexte et du rapport de force politique. Notre idée en Occitanie vise à embarquer l'ensemble des acteurs, par le biais de solutions concrètes. Dans l'esprit de ce qu'a pu dire hier Vandana Shiva, la Région a décidé d'ériger l'alimentation au rang de grande cause régionale. Avec un objectif clair : 40 % de produits locaux utilisés dans les cantines des lycées, soit 25 millions de repas servis par an. Et une consultation citoyenne sera proposée en mai/juin prochain !

Quelles autres solutions concrètes sont au programme de votre action en faveur de la Transition sur les territoires occitans ?

Devenir la première région à énergie positive d'Europe, c'est notre ambition à l'horizon 2050 ! Nous souhaitons ainsi pouvoir couvrir la consommation d'énergie grâce aux énergies renouvelables de proximité. Pour illustration, nous sommes déjà la 2e région française productrice d’énergies renouvelables. Pour bien mesurer les solutions et moyens à mettre en œuvre, nous avons élaboré un scenario co-construit avec une centaine d'experts. Secteur par secteur, nous allons ainsi mesurer les marches à gravir afin d'atteindre cet objectif ambitieux. Et réduire alors de 40 % la facture énergétique, tout en multipliant par 3 la production des renouvelables.
Notre agence régionale de l'énergie et du climat va accompagner d'ici 2 à 3 mois les projets des collectivités, des entreprises, des citoyens, de l'étude de projet jusqu'à l'investissement. Nous avons souhaité mesurer l'impact du scenario sur les territoires, non seulement en terme de création de richesses, mais aussi en matière d'impact sur le mieux vivre, le pouvoir d'achat des ménages, la santé, la qualité de l'air, la cohésion et la solidarité…

Vous portez la fonction de Vice-présidente à la Transition en Région, pouvez-vous nous éclairer sur le choix symbolique de ce terme ?

J'ai voulu rompre avec la seule fonction « environnement » et je tenais particulièrement à cette appellation Transition pour indiquer que nous sommes dans un mouvement, un changement de modèle, avec cette idée de la transversalité. Nous menons certes des actions en faveur de l'environnement et du climat, mais nous souhaitons également toucher d'autres secteurs : aménagement du territoire, économie, agriculture…

Même s'il y a des résistances, les choses avancent sur les territoires, avec des collectivités qui se sont par exemples engagées en faveur des circuits courts, du bio à la cantine, de l'autonomie énergétique en faveur des renouvelables. C'est notamment le cas à Albi sur l'alimentation ou à Luc-sur-Aude avec le projet d'énergie citoyenne.

On met aussi en œuvre des outils de citoyenneté active par le biais de budgets participatifs et d'évaluations de nos politiques publiques. Autant de manières d'impliquer les citoyens dans la Transition occitane.

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