Christian Guyonvac'h : « la centrale à gaz de Landivisiau ne réduira pas la dépendance énergétique de la Bretagne »

Publié le lun 11/04/2016 - 08:26

Christian Guyonvarc’h est adjoint au maire de Guipavas (29), près de Brest, et vice-président de Brest Métropole. Ce membre de l’Union démocratique bretonne (UDB) est un ardent opposant au controversé projet de centrale à gaz de Landivisiau. Pour lui, la construction d’un tel équipement menacerait le développement des énergies renouvelables en Bretagne. 

Les promoteurs de la centrale expliquent qu’elle est nécessaire pour l’indépendance énergétique de la Bretagne. Vous dites précisément le contraire. Pourquoi ?

Parce que la France importe la totalité du gaz qu’elle consomme. D’ailleurs, le terminal gazier du port de Saint-Nazaire, à Montoir-de-Bretagne, doit recevoir du gaz de schiste américain à partir de 2018. La centrale serait approvisionnée avec ce gaz si elle devait se construire. D’autre part, Direct Énergie, le futur exploitant de la centrale, prévoit un rendement énergétique de 54 %. Le reste (46 %) ne serait que pure perte. Nous avons aussi calculé que la centrale émettrait autant de gaz à effet de serre en 6 mois que les circulations automobiles du Finistère et des Côtes-d’Armor réunies sur la même période. Ce projet ne va pas réduire la dépendance énergétique de la Bretagne et il n’est ni propre, ni économique.

Pour quelles raisons dîtes-vous que ce projet s’oppose au développement des énergies renouvelables ?

Il existe un projet de ligne électrique marine entre le Finistère-nord et l’Irlande. Cette ligne pourrait être opérationnelle dès 2022. Le but est d’assurer une interconnexion entre les réseaux éoliens français et irlandais et ainsi pallier la fragilité du réseau breton. Mais nous craignons que la centrale ne menace ce projet. Nous avons également peur qu’elle mette à mal les investissements dans les solutions de stockage d’électricité d’origine renouvelable. Stockage qui permettrait de faire face à l’intermittence de la production (éolienne, solaire notamment) qui dépend des aléas climatiques.

Cette situation renvoie donc, selon vous, à l’organisation du marché électrique français ?

Oui. Car le marché français est organisé selon une logique de flux et non pas de stockage. Pourtant, des solutions existent. Comme les stations de transfert d’énergie par pompage (STEP). Les STEP consistent à superposer deux bassins d’eau. De l’eau est pompée pour la stocker dans le bassin du haut lorsque les consommations sont faibles. Puis cette eau est relâchée pour alimenter une turbine lorsque les consommations sont élevées. Notons que la Suisse utilise les STEP pour stocker de l’électricité nucléaire achetée à la France en heure creuse, au moment où elle coûte peu cher. Elle revend ensuite cette même électricité à la France en heure de forte consommation à un prix plus élevé. C’est aberrant. Mais cela ne fera que s’accentuer si nous ne développons pas nos propres solutions de stockage, en France comme en Bretagne.

Plus d'infos :

www.nonalacentrale.fr

Photo : Manifestation contre le projet de centrale de Landivisiau, à la Pointe du Raz, le 7 décembre 2015 © Collectif Gaspare

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